At the beginning

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Bonjour à tous ! 

Tout d'abord, voici la toute première histoire que je publie sur Wattpad, donc j'espère qu'elle vous plaira autant que je suis anxieux de vous la faire partager.

Cette première partie est principalement de la mise en place, donc j'espère qu'elle vous donnera envie de lire la suite.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture

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La respiration saccadée, des perles de sueurs dégoulinantes sur une peau à l'aspect flétrie. Il m'était impossible de déterminer l'âge exact qu'il avait, la cinquantaine, peut-être plus. Plus d'une fois, j'avais tenté de discuter avec mes clients, essayé de savoir ce qui les avaient poussé, ce soir là plus qu'un autre, à se faufiler dans une ruelle sordide de Londres, afin de trouver une chaire fraîche dans laquelle ils pourraient accomplir une masturbation piteuse à prix abordable. Aucun ne m'avait répondu, bien entendu. Sitôt l'acte terminé, leur braguettes relevées, leurs vêtements replacés, ils s'étaient contentés de partir, m'abandonnant à mon sort, une poignée de billet plus ou moins grande en guise de compagnie.

La tiédeur infâme éclata dans ma bouche, une substance épaisse se déversa sur ma langue, contre mon palais, clapota près de ma gorge. Une nausée grimpa dans celle-ci. Elle brûlait ma trachée. Mon coeur s'emballa vivement, la main moite de l'homme agrippa la racine de mes cheveux, accompagnée d'un râle gémissant. Je m'écartai, essuyai ma bouche, crachai le mélange visqueux de semence et de salive entre mes doigts, que je logeaient dans un mouchoir enfoncé dans la poche de ma veste. La silhouette au crâne dégarnit vint poser sa paume contre ma joue, la claqua doucement puis, après une sorte de hennissement de contentement de la part de l'homme, j'enclenchais la poignée de la portière, tendant la main pour récupérer mon dut.

L'air glacial de la nuit frappa ma peau, mon épiderme en tressaillit. Les frissons dévalèrent mon échine, mes poils se hérissèrent. Mon estomac se contracta brusquement. J'eus à peine le temps de remonter mon pantalon sur mes hanches que je m'effondrais sur le trottoir, y rejetant le contenu de mon estomac. L'acide gastrique se déversa hors de mes lèvres, mes paupières se gorgeant de larmes nerveuses.

Les mains sur le bitume, j'étais forcé de constater le déclin de ma pitoyable existence, contemplant la marre de bile au dessous de mon corps. Les perles d'eau franchirent la barrière de mes paupières et je les sentis dévaler mes joues, s'écrasant au sol pour se mêler au fruit abject de ma déchéance. Je sentais encore la liasse de livres dans la poche arrière de mon pantalon. Un superbe skinny gris aux genoux troués provenant de chez Zadig et Voltaire. Quelle ironie.

Les phalanges crispées, j'observais le béton crasseux. Tacheté de tout son long par des traces blanchâtre, des résidus orduriers à divers stades de décomposition, plus ou moin avancé. La lumière aveuglante du véhicule glissa jusqu'à moi, traçant ma silhouette osseuse vautré sur le macadam comme du bétail, puis le bruit du moteur se fit plus discret, me laissant dans le silence bruyant. Reparti comme il était venu, l'inconnu regagnait sa vie rangée, laissant cette soirée à sa part de honte, profondément enfouie sous sa culpabilité et son vice accompli. D'abord le plaisir, ensuite venait la remise en question, la bataille complexe de l'égo et de la conscience, puis la peur du jugement, et enfin en dernier lieu, un bref intérêt à celui à qui il avait donné de l'argent, pour se dire qu'il ne reviendrait jamais. Mais il ne se soucierait pas de la condition de celui qu'il avait laissé. Il nierait en bloc la simple éventualité que cette personne puisse éprouver des sentiments, des émotions, ou bien même avoir une vie en dehors de ces soirée où il se décidait à trouver quelqu'un pour satisfaire son membre trop peu contenté pour accomplir tout ce qu'il voulait, sans risquer que l'autre se moque de lui.

RAN : I want you dreamWhere stories live. Discover now