1. María Elena Santiago

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" - Charles Hardin Holley, voulez-vous prendre pour épouse María Elena Santiago ?"

Le jeune homme murmura un timide oui tandis que son regard se noyait dans les prunelles de la femme qui allait dans quelques minutes porter son nom.
Charles qu'il s'appelait en réalité. Mais tout le monde le surnommait Buddy car il était le plus jeune de la fratrie. C'était d'ailleurs sous ce pseudonyme que le garçon s'était adressé pour la première fois à María. À l'époque, c'est-à-dire il y a tout juste deux mois, ladite María travaillait en tant que réceptionniste pour la société Peermusic. C'est là-bas et après avoir enregistré deux reprises qu'il tomba sous le charme, ou plutôt fou amoureux, de la belle portoricaine.

" - Je m'appelle Buddy Holly. Je ne sais pas si vous me connaissez, et je ne vous connais pas, pas encore, rigola-t-il nerveusement, mais voulez-vous sortir avec moi ce soir ?

- Vous devriez demander la permission à ma tante." lui avait-elle répondu à contrecoeur, peur que l'avis de sa tante soit divergent du sien.

Ce qu'il fit immédiatement. Heureusement, la tante de María lui accorda cette faveur, et c'est ainsi que, sans plus attendre, la jeune brune s'agrippa au bras du chanteur en direction d'un restaurant.
C'était une première pour elle, elle qui à 25 ans, n'avait encore jamais connu de rendez-vous amoureux. Elle n'avait jamais eu de petit ami dans sa vie, mais ce soir-là, quelque chose de magique s'était produit entre elle et Buddy. Une évidence, peut-être.

Tout au long de la soirée, le naturel du garçon la fit rire et lui plu. Ce n'était pas le plus bel américain et encore moins le plus bel homme du monde, mais ses cheveux bouclés et ses lunettes trois fois trop grandes ne laissèrent pas la réceptionniste indifférente. Soudain, la voix de Buddy prit une tournure beaucoup plus sérieuse alors qu'il s'apprêtait à parler de sa carrière musicale. En effet, le jeune homme et son groupe "The Crickets" avait déjà sortit le célèbre tube Peggy Sue et tous les quatre étaient déjà plus ou moins connus mondialement.

"Tu vois, commença-t-il après avoir reposé ses couverts et s'être essuyé la bouche, si je fais de la musique, ce n'est pas que pour moi, je souhaite que le monde entier soit capable de l'apprécier. Je ne veux pas me reposer sur mes acquis, je veux aller plus loin, je veux être le meilleur dans le show-business, et rien ne pourra m'arrêter."

María sourit devant l'ambition de Buddy, se plaisant à croire que ce qu'il racontait se produirait un jour et, qu'en effet, la reconnaissance qu'on lui porterait dans ce lac aux requins qu'est le milieu de la musique serait éternelle.
Une fois le repas terminé, Buddy se précipita de payer l'addition - la fierté masculine - puis conduisit son invitée dans les rues new-yorkaises. Celles-ci étaient illuminées par des réverbères, si bien que si on levait la tête, les étoiles seraient inexistantes dans le ciel. Tandis qu'ils marchaient tous deux dans le riche quartier de Manhattan, ils croisèrent le chemin d'un vendeur de fleurs à l'air attristé caché derrière les lys et les roses de son stand.

"Reste ici deux minutes, ordonna spontanément le garçon. Je reviens."

En quelques secondes à peine, Buddy revenait à grands pas vers sa dulcinée, un bras caché derrière le dos. Une fois qu'il fut assez proche de María, il lui tendit une rose rouge, comme ses boucles d'oreilles qu'il avait tant observé durant le dîner. Il se racla la gorge puis, demanda dans un murmure :

"María, tu serais d'accord de m'épouser ?"

La jeune femme ne fut pas la seule surprise, la famille de Buddy non plus n'en revenait pas. Afin de rencontrer l'heureuse épouse, les parents du chanteur prirent le train de Austin en direction de New-York. Tous les quatre se rendirent au Radio City visionner Mr. Roberts de John Ford. Pas très romantique. Heureusement Henry Fonda rendait le film agréable à regarder.
Avant de rejoindre leur fils à New York, Lawrence et Ella eurent du mal à comprendre la demande en mariage si impulsive de Buddy. Je ne le pensais pas aussi stupide pour tomber aussi tôt dans le piège du mariage, pensait sa famille. Puis ils rencontrèrent María. Et à ce moment-là précisément, ils comprirent son geste. María était pareille à une poupée de porcelaine dans un magasin de jouets. Elle était si frêle et si petite ! Elle était réellement très belle. Une véritable petite chérie.

C'est ainsi que ce 15 août 1958, Charles Hardin Holley échangea les alliances de la fidélité avec María Elena Santiago, à la maison familiale des Holleys, à Lubbock.

The Day The Music Died Où les histoires vivent. Découvrez maintenant