Du coin de l'oeil, Sacha m'observait, tout sourire. Je devais avoir l'air de gamin, penché sur le bord de la fenêtre, l'air émerveillé.

— Pourquoi y a-t-il autant de cônes orange ? ai-je demandé, confus.

Elle a ri.

— Bienvenue à Montréal.

Le chauffeur de taxi nous regardait depuis le rétroviseur.

— Vous venez d'où ?

— Toronto, a répondu Sacha.

— C'est la première fois que vous venez ?

— Moi, non. Mais lui, oui.

L'homme m'a souri.

— Vous allez adorer.

— Oh, je n'en doute pas, ai-je dit.

Nous nous sommes arrêtés à une lumière rouge.

— C'est idéal pour un petit week-end en amoureux, n'est-ce pas ? Vous voyez, c'est pas New York ou Paris, mais ça a son charme.

Sacha et moi avons échangé un regard.

— Euh, nous ne sommes pas...

Le chauffeur a haussé ses sourcils broussailleux.

— Pardonnez-moi, j'ai cru... Enfin, il n'y a qu'à vous regardez tous les deux !

— Nous ne sommes qu'amis, a précisé Sacha.

— De très bons amis, à vrai dire, ai-je ajouté.

— Ah oui, je vois.

Le mal était déjà fait. Sacha et moi avons tous les deux pris une affreuse teinte rougeâtre. Je refusais de rencontrer son regard, tout comme elle refusait de rencontrer le mien. Du coin de l'oeil, j'ai remarqué que le chauffeur souriait comme s'il savait quelque chose que nous ne savions pas. Je n'étais pas certain de vouloir comprendre ce qui se cachait derrière ce sourire.

Après une vingtaine de minutes de route, le taxi s'est arrêté devant un immense bloc appartement.

— C'est ici ? ai-je demandé.

— Oui.

— C'est très différent de chez ta mère.

— Mon père n'est pas riche, alors c'est tout ce qu'il peut s'offrir.

Nous avons payé et remercier le chauffeur de taxi, puis nous sommes descendus de la bagnole. Armés de nos valises, Sacha et moi sommes entrés dans le bâtiment. Nous avons par la suite monté les escaliers qui menait à l'appartement de son père. Arrivé sur le bon palier, je ne sentais plus mes bras. J'ai posé ma valise sur le sol, alors que Sacha déverrouillait la porte d'entrée. Une énorme bête poilu nous a accueillis en jappant. Sacha a émit un couinement et s'est mise à caresser le golden retriever.

— J'ignorais que tu aimais les chiens, ai-je dit.

— Seulement Holly, parce que c'est une chienne formidable.

J'ai souri.

— Holly, hein ?

Je me suis agenouillé auprès de Sacha pour caresser la chienne au pelage doré. Elle m'a reniflé, puis m'a léché les doigts.

— Alors, tu es tombé sous le charme ? m'a demandé Sacha.

— On va dire ça.

Elle a souri.

Nous avons installés nos bagages dans la chambre d'amis. Il était midi et tous les deux, nous crevions de faim. Sacha s'est donc mise à faire des pâtes. J'ai croisé les doigts pour que cette recette ne ressemble en rien aux crêpes qu'elle avait faite l'autre jour. Ayant un peu de temps mort devant moi, je me suis mis à observer les lieux. C'était petit, oui. Et assez sobre. Il y avait très peu de photos sur les mur et pas beaucoup de déco. Seulement des murs aux teintes de blanc et de gris. Le canapé du salon devait avoir une dizaine d'années, tout comme les meubles de la chambre d'amis. Dans la chambre du père de Sacha, il y avait une photo de celui-ci et de mon amie, sur fond de fête foraine. Cette fameuse sortie pourtant bien simple, mais qui comptait tellement aux yeux de Sacha. J'ai souri.

La théorie des cactusWhere stories live. Discover now