Prologue

72 18 5
                                    

Ary était encore seule. Ary n'avait pas d'amis. Ary ne connaissait personne.

Ses seules consolations étaient sa porte de chambre et ses peluches d'enfant. Elle leur parlait comme à des copines. Elle leur racontait sa vie, ses malheurs, ses cauchemars...

Personne ne trouvait étrange qu'elle s'adresse à des objets. Il y avait deux raisons à cela. D'abord Ary avait quatre ans. Une enfant avait bien le droit de s'amuser ou d'avoir des amis imaginaires ! Mais surtout, la petite fille ne voyait personne. Personne ne se souciait de savoir à qui elle parlait. Ni ses cousins, ni ses frères, ni ses soeurs, ni ses parents...

À vrai dire, elle ne savait même pas si elle avait des cousins, des frères ou des soeurs... En revanche, elle savait qu'elle avait des parents. Ils venaient tous les matins, tous les midis et tous les soirs déposer ses repas. Tous les matins, tous les midis et tous les soirs, Ary leur criait de la délivrer. Et tous les matins, tous les midis et tous les soirs, ils lui criaient : «Ne t'en fais pas chérie. Nous sommes tes parents alors nous faisons cela pour ton bien !»

Ces paroles répétées sans cesse la mettaient dans une rage sans nom. Elle hurlait, pleurait, griffait la porte. Et toujours au même moment, quelque chose se brisait. Un vase, un pied de chaise... Cela variait... Mais Ary prenait peur à chaque fois. Elle ne savait pas comment l'objet faisait pour se briser mais elle était sûre que quelqu'un l'embêtait, faisait ceci pour la terrifier... Et cela marchait à la perfection. Ary se recroquevillait sur la porte et n'osait plus ouvrir les yeux. Elle se contentait de pleurer et de demander pardon à la personne qui voulait l'effrayer. Et ceci, tous les jours à l'heure des repas.

Toutefois, un jour, entre le déjeuner et le dîner, Ary entendit des chuchotements derrière la porte de chambre. Elle sauta de son lit où elle se trouvait encore roulée en boule pour essayer d'échapper aux Ombres. Elle se rua sur la poignée et supplia ces voix qui lui étaient familières.

– Ouvrez la porte !! Ouvrez !!! S'il vous plaît !!

Comme aucune réponse ne faisait écho à ses supplications, elle continua.

–S'il vous plaît ! Ouvrez-moi !!!

Pour la première fois, la poignée tourna. La porte s'ouvrit.

Ary distingua deux silhouettes. Une était haute, carré, agressive. Un homme. L'autre était plus petite, toute en courbes et d'une douceur immense. Une femme. Un rayon de lumière illumina les visages. L'homme possédait des traits très marqués. Ses yeux marrons étaient légèrement bridés et ses cheveux blonds ne semblaient pas être coiffés car ils se trouvaient dans un désastre monstre. La femme quant à elle avait des pommettes saillantes, des cheveux longs et auburn et des yeux verts magnifiques où l'on pouvait lire de la témérité, accompagnée d'une once d'innocence. Malgré tout elle pleurait. Elle prit Ary dans ses bras et la serra contre son cœur, comme un poupée. L'homme caressa doucement les cheveux sales de la petite fille. Lui aussi pleurait. La fillette suivit le mouvement et bientôt, les larmes débordèrent de ses yeux sans en connaître la raison. Elle prit ses deux parents dans ses petits bras menus et les étreignit de toutes ses forces. Un petit garçon de six ou sept ans voulut toucher Ary à son tour. Sa mère la lâcha et observa, tout comme son mari, les deux enfants d'un œil tendre.

– Je m'appelle Drew, se présenta-t-il, et toi ?
– Ary.
– Oui, tu t'appelles Ary ma chérie, sourit la mère.

Ary.Where stories live. Discover now