COFFEE » s.james

vingt-deux

Deux semaines plus tard

— Doucement, Stephen !

— Aller Wright, on se dépêche.

— Je suis morte putain. Ralentis, merde !

Je vais le tuer ! Quelle idée j'ai eu de venir avec lui à la plage en vélo ? Je suis complètement morte, pas seulement parce qu'il va vite, mais aussi parce qu'avec les cours, je dors plus autant qu'avant et ça se fait ressentir.

Je le rattrape enfin puisqu'il s'est arrêté devant la plage qui est très peu rempli. Il y a quelques personnes qui se baladent, mais ça s'arrête là. Faut dire qu'aussi, on est bientôt en novembre alors les températures ont bien chuté depuis cet été.

— Je te hais, c'est définitif.

— C'est ce que tu dis.

— Tu m'as carrément tué là ! Je te rappelle que je suis pas sportive et que je dors moins que toi.

— T'avais qu'à pas aller à la fac.

— J'avais pas vraiment envie de passer ma vie dans un café à servir des clients, tu vois.

Qui a envie de bosser dans un café toute sa vie ? J'ai strictement rien contre les serveuses et toutes les personnes qui travaillent dans un café, mais c'est clairement pas pour moi. C'était juste un job le temps d'une année pour me faire de l'argent et ne pas passer mon année sabbatique à glander.

— Monte.

— Où ?

— Sur mon vélo, idiote.

— On peut pas monter à deux dessus, Stephen.

— T'inquiètes, je gère. Monte sur le guidon.

— J'ai bien le droit de m'inquiéter dans ce cas.

Il roule des yeux. Il a adore faire ça, je crois, parce qu'il le fait très souvent. Je galère déjà à monter sur le guidon, ça va être quoi sur le chemin ?

— Et on fait quoi pour mon vélo ?

— On repassera par-là tout à l'heure et tu le reprendras.

— On va se le faire chourer.

— Arrête d'être pessimiste un peu. Bon, accroche-toi.

— Ah et où ?

— T'es grande, tu te débrouilles.

Il commence à pédaler et je vous raconte pas la galère. On a failli tomber je sais pas combien de temps en perdant l'équilibre. On a finalement réussi à trouver le petit truc, mais être assis sur le guidon, ça fait un mal de chien.

— Ralentis.

— Pourquoi ?

— Mais ralentis putain, y'a un gamin qu'arrive en face de nous.

Enfin, il m'écoute ! Bon, y'a personne qui arrive en face de nous, mais ça fait flipper d'être où je suis.

— T'es vraiment une chochotte.

— Je t'emmerde, James.

Un mois plus tard

— Ça fait bizarre de revenir ici.

— Ça te manque ?

— Matthew et Katy me manquent, c'est pas pareil.

— T'est toujours amie avec Katy ?

— Oui, mais c'est compliqué maintenant. Ses parents sont toujours en divorce, elle travaille, je suis à la fac alors on se voit plus beaucoup, voir même plus du tout.

— C'est dommage.

Ça l'est. Je considérais Katy comme une véritable amie et je la considère toujours comme telle, mais les choses changent, les gens évoluent. La vie continue et on fait un peu notre route chacun de notre côté. Travailler au Karen's Coffee pendant toute l'année avec elle a été un plaisir et c'est d'ailleurs grâce à ce job que je l'ai rencontré, mais faut continuer notre petite vie maintenant.

— J'ai l'impression que ça fait des années que j'ai quitté le Karen's Coffee alors que ça fait seulement quelques mois. Y'a tellement de choses qui ont changé depuis.

— Comme ?

— Je suis retournée en cours, j'ai mon permis, enfin ! J'ai quitté le cocon familiale et toi aussi.

— Quoi moi ?

— Je pensais pas que les choses se dérouleraient comme ça entre nous. En venant te dire d'arrêter de nous regarder, je pensais pas une seule seconde à ce qui allait se passer.

— Tu pensais pas tomber sous le charme du grand Stephen James ?

Pas du tout même. Je pensais pas qu'on allait devenir ami au début, puis les choses se sont faites et ça a dépassé le stade d'amitié au fil du temps. Qui aurait pu croire que tout cela allait se passer ? Pas moi la première, c'est sûr, mais peut-être que c'était fait pour se passer. Je suis pas du genre à croire au destin, mais peut-être qu'il existe au final.