Nathanaël déglutit. Deux choix s'offraient à lui : il pouvait soit entrer dans la pièce en espérant que personne ne remarque rien ou soit courir vers il-ne-savait-où en espérant que la force ne le ramène pas aussitôt aux pieds de la mère supérieure. La première option lui paraissait le moindre mal, il n'avait absolument aucune envie de devoir expliquer à Mrs Fridge à quoi rimait tout ceci si d'aventure la force faisait des siennes.

Il trottina dans la salle de cours, la tête résolument enfoncée entre ses épaules. Il allait s'assoir au fond de la classe, près de la fenêtre, comme à son habitude quand Blaise remarqua son étrange comportement.

-Hé le Corbac, t'as enfin compris qu'il fallait baisser les yeux devant ses supérieurs !

Nathanaël se fit violence pour ne pas lui répondre et l'ignorer. Il s'assit à sa table mais ne peut s'empêcher d'aplatir un peu plus ses cheveux sur son front. Geste qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Armand, l'ami de Blaise. Il se saisit brutalement de son poignet pour l'en écarter et releva les cheveux noirs de Nathanaël. Et il explosa de rire. Blaise, attiré par les rires de son ami, s'approcha et pût lire le message qu'avait laissé Salazar sur le front de son camarade.

-Ahah, Tête à l'Ouest, quelqu'un t'as donné une bonne leçon !

-Peut-on savoir ce qu'il se passe encore avec Mr Porter ? retentit la voix de la mère supérieure, de l'autre côté de la classe.

-Venez voir Madame, quelqu'un a maté le Nid d...Nathanaël ! ricana Blaise.

Nathanaël fut étonné de voir Mrs Fridge traverser la classe en moins de trois secondes. Elle se posta devant lui et un sourire moqueur apparu sur son vieux visage, il se transforma aussitôt en un rictus mauvais. Nathanaël fut certain que ce qu'elle voyait lui procurait la plus grande des satisfactions.

-Il semblerait que je ne sois pas la seule à m'évertuer à vous inculquer les bases d'une éducation saine, Mr Porter.

Peu à peu, devant l'agitation qui régnait au fond de la pièce, tous les pensionnaires s'étaient regroupés autour du malheureux pour s'en moquer ouvertement. Plus que la rage et la colère, c'était la honte qui faisait monter les larmes aux yeux verts de Nathanaël. Il essaya tant bien que mal de cacher son front et son émois mais Blaise et Armand le tenaient fermement, ce que faisait mine de ne pas remarquer Mrs Fridge.

-Bien, bien, tout le monde à sa place, nous reprenons le cour.

Et sans même proposer à Nathanaël d'aller se débarbouiller, elle ouvrit sa fichue Odyssée à la page cent cinquante-quatre. Le pauvre garçon enrageait, la tête baissée. Bien que la mère supérieure ne l'ait jamais porté dans son cœur, elle ne l'avait pourtant jamais humilier à ce point. Les larmes coulèrent sur ses joues, faisant fit des rires de Blaise et sa bande qui n'avaient pas manqué de les remarquer.

Il était furieux envers Mrs Fridge, envers Blaise, envers Armand, envers tous les pensionnaires mais encore plus envers Salazar qui était la cause de tous ses malheurs.

Son calvaire dura jusqu'à seize heures, heure à laquelle il partit pour faire les courses.

Alors qu'il s'éloignait sur le chemin caillouteux, il remarqua Mrs Collins sur le pas de la porte de l'orphelinat, elle le regardait tristement. Il fit mine de ne pas l'avoir vu : il avait beau aimer la vieille femme plus que tout au monde, il savait qu'il ne supporterait pas entendre de la pitié dans se voix.

Il continua son chemin, sa magie crépitant de colère autour de lui.

Oo

-Dis-moi Laz, comment s'est passée la tentative du moustique ? demanda Rowena, assise près de la fontaine à même le sol, devant Salazar.

Nathanaël WylltМесто, где живут истории. Откройте их для себя