Chapitre 8

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Brysen Caseneuve

J'ai scruté mes bagages posés dans l'entrée, les décomptant pour vérifier que je n'avais rien oublié. Ma mère a débarqué avec trois choses différentes dans les mains.

-Voilà tes sandwichs pour cet après-midi, de la compote maison et surtout, surtout du chocolat !

J'ai dévisagé ma mère qui me regardait avec une réelle fierté dans le regard alors que je n'avais rien fait pour le mériter. Elle a croisé ses bras sur sa poitrine.

-J'ai beau t'en vouloir pour ton départ précipité, tu as l'air bien. Cela me fait plaisir.

J'ai souri et l'ai serré contre moi. Je suis venue poser ma tête sur son épaule et je l'ai entendu renifler.

-Oh maman... Ai-je murmuré.

-Tu vas tellement me manquer. Tu m'as tellement manqué...

-Je sais. Je suis désolée.

Je savais que j'avais blessé ma mère en partant sans rien dire. Et pas qu'elle d'ailleurs... Mais toute cette pression et cette culpabilité auraient fini par m'écraser. Alors j'avais fait ce que je devais faire pour survivre. J'avais fui. J'étais partie le plus loin possible et surtout le plus vite possible. Et j'avais laissé une partie de moi ici, chez moi et dans notre cabane. Mais quand j'avais ouvert les yeux auprès de Beau ce matin-là, que j'avais senti ses bras autour de moi, son corps nu contre le mien, j'avais éclaté en sanglots parce que tout ce que je m'étais promis de ne pas faire venait de se réaliser. Je l'avais trahi. J'avais trahi Des. On l'avait trahi. Je me rappelai vaguement avoir ramassé mes affaires, mettre habillée gauchement et avoir claudiqué jusque chez moi. J'avais bondi vers ma chambre, mis quelques affaires dans une valise et avait appelé un taxi. Fuir. Je ne pensais qu'à ça. Mon cœur avait tambouriné comme un fou dans ma cage thoracique comme s'il cherchait à me dire de ne pas faire ça, de ne pas partir sans me retourner. J'avais essuyé mes joues mouillées de larmes et j'avais retiré ma robe. J'avais récupéré un jean et était allée enfiler un t-shirt quand j'étais tombée sur la marque rouge dans mon cou, un mélange entre un suçon et une morsure. Je m'étais tournée à demi et le tatouage du prénom de ma meilleure amie m'était apparue. Tout mon corps avait semblé se rebeller et j'avais foncé dans la salle de bain pour vomir. Je me haïssais.

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La route jusqu'à Chicago me parut interminable. Alors quand j'arrivai devant l'immeuble qui renfermait mon chez moi pour le reste de l'année, ce fut un soulagement. Je garai la voiture de ma mère entre deux autres et sortis mes bagages un à un. Je levai les yeux et scrutai la façade défraichie du bâtiment. J'avais eu beaucoup de chance de trouver cette résidence universitaire quand j'étais rentrer de mon voyage. C'était grâce à ma bourse que j'avais pu trouver ce logement et cela avait beaucoup soulagée ma mère. Je suis entrée dans le hall sécurisé et j'ai gravi les escaliers menant au premier étage. Mon appartement était au milieu du palier, le numéro 12. J'ai inséré la clé et ai ouvert le battant sur un parquet abîmé. L'appartement était petit mais largement suffisant pour ce dont j'avais besoin. J'ai refermé à clé derrière moi et me suis laissée tomber dans le canapé. J'ai levé les yeux au plafond et j'ai attendu dans le silence. Je ne savais pas pourquoi mais le silence m'apaisait et était devenu mon meilleur ami depuis mon départ. Je n'avais plus Beau et même si Madison avait accepté de me voir, ce n'était plus pareil. De la fille joyeuse et amie avec tout le monde, il ne restait rien. Je savais que le sommeil ne viendrait pas et que s'il venait, les crises d'angoisse suivraient, alors je me suis redressée et j'ai rangé mes affaires. Demain les cours commençaient et je n'avais pas le droit à l'erreur...

Rescue MeWhere stories live. Discover now