Chapitre 23

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Seule la lueur tremblotante des cristaux permettait à Anaca de ne pas claquer des dents de trouille dans ce sombre couloir. Si elle n'avait pas entendu les portes se refermer derrière elle une demi-seconde auparavant, elle aurait certainement déjà tourné les talons pour s'enfuir en courant.

- Tout va bien, ne t'inquiète pas.

- Comment ça ?! T'as pas entendu, ils ont fermé les portes ! Et si tout s'écroulait, on ferait comment pour survivre, exactement ?!!

- Tout ne s'écroulera pas. Ces tunnels sont les plus solides que je n'ai jamais connu, et crois-moi, je connais bien des choses. C'est leur rôle que de refermer cette porte, afin que personne à part nous n'entre. C'est une mesure de sécurité afin d'éviter tout risque. Il n'y a qu'eux qui puissent l'ouvrir et la fermer.

- Donc... nous ne risquons rien ?

- Pas plus que d'habitude, non.

- Je ne suis pas certaine de ce que signifie cette réponse...

Ignorant que son dragon avait très certainement tenté de faire un trait d'humour - c'était proprement... déroutant de penser à ça, elle devait bien se l'avouer, la jeune fille baissa les yeux pour prêter un peu attention à où elle mettait les pieds. Le sol était plutôt accidenté, rempli de pierres tranchantes et impardonnables, bien loin du doux tapis d'herbe verte qui constituait la plus grande partie du sol d'Aclosia.

Elle poussa un soupir. Après tout ça, s'ils s'en sortaient, elle passerait au moins une journée complète à se rouler dans l'herbe et à profiter de sa douceur, se promit-elle.

- Pourrais-je me joindre à toi ?

Anaca pouffa.

- Y a-t-il une seule force en monde qui t'empêcherait d'être avec moi, n'importe où et n'importe quand ?

- Non, tu as raison. Il faudra me compter dans tes plans, alors.

- Avec joie.

Ils partagèrent une pensée rieuse quelques instants, puis se concentrèrent à nouveau. D'après Arukan, ils n'étaient plus très loin maintenant, progressant lentement mais sûrement en direction de leur objectif. Les parois s'élargissaient petit à petit, permettant à la gardienne des couleurs de respirer un peu mieux, moins oppressée. À la lueur de son cristal, elle apercevait la silhouette musclée d'Elys, devant elle, qui marchait d'un pas sûr. Elle avait posé la main sur le cuir de Kleïark, lui lançant de temps en temps des petits coups d'oeil. Visiblement, ils étaient en pleine discussion.

A propos de quoi, ça...

Ils marchèrent encore un bon moment dans les galeries, s'enfonçant toujours plus profond dans les entrailles de la terre. Anaca n'aurait même pas su dire combien de temps ils marchèrent, trop déroutée par l'obscurité totale qui les entourait, seulement mise en garde par la poignée de cristaux qu'ils tenaient en main. Ils finirent toutefois par déboucher dans une gigantesque caverne.

Non, gigantesque n'était pas le mot.

Absolument faramineuse, ça collait déjà mieux.

En fait, Anaca n'aurait su dire si un mot pouvait décrire une telle immensité. La caverne était si grande qu'elle aurait certainement pu accueillir les pyramides d'Egypte en son sein.

Toutes.

En même temps.

L'espace s'était incroyablement agrandi, le plafond n'étant même pas visible, certainement à des centaines de mètres de là. Arukan aurait pu s'envoler et faire des cabrioles sans problèmes - enfin, certainement. Un seul endroit du plafond était visible - et c'était vers là qu'Elys les emmenait. Vers ce qui semblait être une sorte de stalactite démesurée, qui descendait du plafond pour venir se ficher dans un versant accidenté du sol - comme une montagne dans la montagne.

Les Gardiennes d'AclosiaWhere stories live. Discover now