Honmono no aiko-ka

Comme imprévu

Préambule :

Merci à tous pour vos commentaires, ils m'ont tous vraiment touchés ! J'espère que cette suite vous plaira !

(Info pour les non-initiés : Hayama est un bon ami de Yukinoshita, et accessoirement un élève très bien vu dans l'école.)

Bonne lecture !

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Il aura fallu une nuit. Une poignée d'heures seulement pour balayer tous mes principes. Jamais je n'aurai cru les barrières que j'ai mises tant de temps à bâtir si fragiles. Ce que j'ai vécu cette nuit-là, dans le salon de ce chalet, avec elle... Si je devais le décrire, je ne trouverais pas les mots. Je balbutierais deux-trois synonymes du bonheur et du plaisir avant de perdre le fil de ma verve. C'est triste, parce qu'un tel volcan d'émotions et de sentiments mériteraient qu'on le décrive avec les mots justes. Un jour peut-être, quand je vivrais dans le souvenir de mes jeunes années, je profiterais d'un élan nostalgique pour tenter d'exprimer verbalement la plénitude de cet instant. Evidemment, le rendu sera ridicule.

Rien ne pourrait égaler l'intensité d'une nuit pareille. C'est sûrement la fraicheur de ce souvenir qui me fait en parler aussi élogieusement, j'en suis conscient.

Parce que, vous vous en doutez, la suite de l'histoire est beaucoup moins joyeuse que le canevas d'Happy Ending traditionnel.

Dans la vraie vie, les histoires ne finissent pas bien. Les histoires ne finissent pas tout simplement. L'illusion qu'il suffirait de seulement 4 lignes en fin de roman pour résumer le reste d'une vie est dégoutante. Et pourtant elle semble satisfaire le plus grand nombre.

Elle m'aurait satisfait aussi. ''Hikigaya Hachiman vécut heureux avec Yukinoshita Yukino pour le reste de sa vie.'' Un beau tableau n'est-ce pas.

La seule fin en soit, c'est qu'au moins une fois dans ce qui me sert de vie, j'aurais ressenti la vraie authenticité à laquelle j'aspire. Parce que dans ses bras, je n'étais plus le centre de mon monde. Elle ne l'était pas non plus. L'échange, le partage, la confiance l'était.

Mais voilà.

La réalité m'a rattrapé comme un train en pleine poire. Mais bon, c'est un peu de ma faute aussi, je n'avais qu'à pas me mettre en plein milieu de la voie, un sac en carton sur la tête.

Pour faire court et résumer le topo sans rentrer dans les détails juteux de ma débâcle, je dirai que ma situation actuelle est le résultat d'une suite logique et prévisible à laquelle je ne me suis stupidement pas préparé.

Yuigahama nous a surpris en plein milieu de la nuit, à deux doigts de faire la plus grosse bêtise de notre vie. Après ça, pour aller vite, j'ai ruiné l'amitié qui nous liait tous les trois, je me suis fait cogné par Hayama pour des raisons que j'ignore, j'ai commencé à ignorer Yukinoshita par frustration, je suis devenu la bête noire du lycée et enfin, pour couronner le tout, des rumeurs circulent comme quoi j'aurais forcé Yukinoshita à faire des trucs sales avec moi.

Bref la grande joie, je ne vous dis pas.

Je ne me mets pas d'œillère, je sais que je suis le principal fautif. Si j'assumais un peu plus ce qui s'est passé entre la brune et moi... peut-être... peut-être que les choses auraient pris une tournure différente.

Si j'avais eu le courage de parler à Yui, peut-être qu'elle ne se serait pas murer dans son silence, peut-être qu'elle n'aurait pas gifler Yukinoshita et peut-être qu'elle n'aurait eu besoin de se confier aux premiers venus du lycée. Dans la continuité, Hayama n'aurait peut-être pas entendu parler de notre liaison, et il ne m'aurait pas fracassé l'arcade – mais sur ce point, je suis assez mitigé, mon œil au beurre noir me rend sacrément cool – comme un morceau de frigolite.