Death Battle (sous contrat d'édition HQN)

Chapitre 24

"Tu vas me manquer." Je lui dis très honnêtement.

"J'aurais tellement voulu t'accompagner."

Mais bientôt Matt dirigera l'équipe de la BAU, il ne peut pas s'absenter.

Cette rencontre va être une épreuve. Je vais discuter avec mon mentor, celle que j'admire. Celle qui a chuté, celle qui a sombré.

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Et pour voir deux héroïnes discuter en pyjama il suffit de se rendre au King Motel.

Durant le dîner le temps est passé si vite que les serveurs ont dû nous mettre à la porte vers deux heures du matin. Bien évidemment je suis retournée dans ma chambre, je me suis douchée et changée, mais impossible d'aller me coucher il restait encore trop de questions sans réponse et qui ne pouvaient attendre le petit déjeuner.

Micki le savait car elle n'était pas encore couchée quand j'ai frappé à sa porte.

Quand WonderWoman et SuperGirl discutent de leurs stratégies pour arrêter les méchants, assises sur des lits jumeaux.

Bien que l'une ait abandonné le métier l'autre n'est pas convaincue de devoir continuer dans cette voie.

Avant d'être profiler, Micky était donc journaliste. Elle s'est demandé pourquoi et comment on devient un tueur en série et pense avoir trouvé la réponse dans les théories de Freud : le développement psycho-sexuel.

Sur ce pont nous sommes également en désaccord. Le sexe n'est pas la cause de l'instabilité mentale de tous les tueurs.

Durant les six années qu'elle a passé en tant que profileuse pour le FBI, Micki a dû apprendre à vivre avec un sentiment constant de malaise car elle invitait les tueurs dans son esprit.

"Vous croyez que nos barrières tombent au fur et à mesure ?"

Je demande totalement captivée par le récit de ses exploits. Nous sommes assises l'une en face de l'autre, jambes croisées, chacune sur un lit et à moins d'un mètre de distance. Nous chuchotons pour ne déranger personne et seule un lampe de chevet nous éclaire. Nos histoires font penser aux légendes que l'on se raconte autour du feu de camp pour effrayer ses camarades. Sauf que tout est vrai.

"Comprendre pourquoi il a choisi cette victime et pas une autre, devoir penser comme un tueur, ça finit par être épuisant.

- Vous vous êtes déjà demandée si ...

- Si je leurs ressemblais ?"

Elle devine et je hoche la tête.

"Non j'ai toujours été du côté du bien. Au début j'ai été attirée dedans sans savoir, ça me gênait beaucoup car je ressentais des choses qui n'étaient pas mes propres sentiments.

- Je vois ce que vous voulez dire."

Fantasmer sur un cadavre, être attiré par le corps d'un enfant... c'est absolument insupportable mais ce sont les vibrations d'énergie que nous percevons.

"À un moment ça été très dur et je ressentais beaucoup de colère aussi. L'abysse est un endroit très sombre de mon esprit dans lequel je peux me connecter aux tueurs. C'est tellement fort et tellement mauvais à la fois.

- Mais fascinant..., j'ajoute sans vraiment m'en rendre compte."

Le sentiment de satisfaction intense qu'elle ressentait lorsqu'elle parvenait à aider les enquêteurs à appréhender un tueur en série était indescriptible.

"C'est comme une drogue."

J'acquiesce d'un signe de tête. C'est ce que je ressens aussi. Même si je me sens vidée de toutes mes émotions, de toutes mes forces, je recommence inlassablement car c'est comme planer au-dessus de la masse des gens. Loin de la société, loin de la normalité. On a alors le sentiment d'être meilleur que les autres, plus intelligent, supérieur.