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3ans plus tard...

-Non Marisa, gonfle le torse, gonfle le torse quand tu patines! Oui voilà, comme ça. Rochelle, fait attention à tes bras tu risques de faire tomber quelqu'un, suit ce que fait Jasmin.

Au centre même de la piste, je glissais sur la glace à l'aide de mes patins pour regarder de plus près mes apprentis. L'équipe de hockey vient jouer à 19h15, celle des patineurs lycéen arrive dans 20 minutes ce qui va me faire quelque chose de 15 minutes de pauses pendant lesquelles je vais devoir veiller à ce que la glace soit polit. La journée du mercredi est toujours la plus remplie. En début d'après-midi encore j'accueillais les 5-10 ans débutants, et ce n'était pas mince affaire. J'en ai la tête qui tourne encore.

-Allé allé, un peu plus d'efforts Sabri. Tends bien les jambes si tu ne veux pas te froisser un muscle. Voilà, glisse, comme si tu volais.

Je rentrais dans le personnage affreux qu'était Edon et ça me plaisait. J'y avais pris goût! Seulement je me voyais mal insulter ces pauvres enfants comme il le faisait. C'était trop sadique.

-Bon aller, c'est finit pour aujourd'hui. Tout le monde sort de la piste, on file aux vestiaires. Ordonnais-je suffisamment fort.

Je l'avoue, c'est franchement satisfaisant de les voir s'exécuter au moindre son de ma voix. Aussi depuis ma participation récurrente aux différents concours régionaux et nationaux de patinage artistique, je me suis forgée une jolie réputation au près de ces enfants qui me considère comme un modèle. Ça fait vraiment du bien de se sentir admirer. Mais il y a encore des enfants têtus dans le lot à qui j'ai juste envie de botter les fesses.

-Tu veux que je prépare la piste?

-Oui s'il te plaît Max. Je réponds en me dirigeant dans les gradins.

Max, le fils cadet de Ashton, est celui que j'ai engagé pour démarrer la surfaceuse. Il n'est là que les après-midi lui aussi, alors le matin quand j'ai les collégiens ça devient encore plus compliqué parce que je dois la conduire seule. Cette machine vieille de 8 ans me fait de gros caprices, alors je la fuis.

Au final, on est juste une dizaine à travailler ici. Une dizaine parce que c'est tout ce que je peux me permettre financièrement. J'ai Max, employé à temps partiel; Henri, Debora et Pascal , des danseurs qui sont là pour enseigner aussi. Marshal et Victoria qui se chargent de l'entretien de la patinoire; Daniel, et Raymon qui sont les gardiens de la patinoire, ils permutent tous les 3 jours. Preston, le technicien qui s'occupe de la sono et des lumières. Et enfin, ma chère ancienne amie Eloïse, vous vous souvenez de Cendrillon qui me harcelait? Hmhm c'est elle. Elle est chorégraphe. Une jolie équipe, la même depuis 3 ans. Étonnamment on s'entend assez bien.

-Salut Barb'.

-Salut Debora. Tu es en retard. Lui fis-je remarquer pendant que je retirais mes patins.

-Désolée, je ferais mieux la prochaine fois.

-C'est ce que tu m'as dit la semaine dernière. Qu'est-ce qui se passe? T'es occupée? Et en plus tu veux pas changer tes heures, comment je peux fonctionner ainsi? C'était à toi de travailler avec les 5-10 ans!

-Oui je sais, je suis désolée mais... je- j'ai vraiment besoin de ce boulot.

-Je m'en doute bien. Alors agit tout comme. Et si tu as un problème, vient m'en parler au lieu de tout garder.

-J'y veillerai. Elle m'assure avant de se diriger vers les vestiaires.

Parfois c'est trop nul d'être la patronne. Là par exemple, le groupe de patineuses du lycée pas loin va arriver. En temps normal c'est moi qui m'occupe d'elles, mais puisque Debora est arrivée en retard je la laisse s'occuper de ces filles. Alors je me retrouve sur le banc, à surveiller son travail parce que j'y suis obligée, Debora n'est pas encore au niveau d'athlète professionnelle, alors je dois assister ces jeunes filles en même temps qu'elle prétend leur donner un cours. Et en plus de jouer à la pionnière, je dois me coltiner leur l'entraîneur qui ne peut s'empêcher de me draguer.

-Salut Barbara, comment tu vas ma douce?

Mon Dieu, aide-moi.

-Salut Kevin. Alors, la compétition s'est bien passé?

-Elles ont été éliminées en quart de final. Me réponds Morgan, l'assistante de l'entraîneur.

-Hmm... C'est Rachel?

-Oui. Les cinq autres avaient fait des scores plutôt bons, mais Rachel a encore sentit le besoin de dépasser tout le monde. Elle est tombée et a faillit se fracasser la jambe. M'expliquait-elle en soupirant.

Aussitôt, nos regards se tournent vers la fameuse lycéenne de 17 ans. Effectivement je la voyais qui boitait malgré l'effort qu'elle mettait pour ne pas que ça se voit. Elle m'avait parlé de son problème d'impulsivité, mais étant de nature contraire, je n'ai pas su la conseiller. En compétition, j'ai rencontré des mûrs et des pas vertes. J'ai pleuré, j'ai été blessée, humiliée, mais c'était toujours à moi de me relever et de combler les failles. Pour moi donc, la seule façon de régler ce problème c'est d'apprendre de ses erreurs et combler ses lacunes. C'est ce que je lui ai dis. Mais ses coach fonctionnent autrement, surtout Morgan qui ne pardonne pas les erreurs.

-Cette fille a un véritable potentiel. Si seulement elle n'était pas aussi bornée.

-Laisse lui du temps. Suggérais-je. Elle apprendra de ses erreurs.

-Oui mais il faut qu'elle en fasse combien pour qu'elle comprenne? S'énervait-elle.

-Autant qu'il en faudra. C'est différent pour tout le monde.

Dans la soirée, après l'entraînement de l'équipe de hockey, Max refait un tour sur la surfaceuse pendant que je me morfond sur les dépenses dans mon bureau. Il faut que je trouve un comptable, parce que je suis fatiguée de faire les comptes moi-même. Il nous faut un nouveau matériel pour la sonno et pour les lumières qui commencent à pas mal vieillir, et enfin, il nous faut une nouvelle surfaceuse. C'est ce qui nous manque en gros.

-Barb'? J'ai finis de polir la piste. Tu as besoin de moi pour autre chose?

-Non Max, tu peux t'en aller.

-Ok, merci. Bonne soirée.

-Tu salues Ashton et ta mère d'accord?

-Oui!

Autre temps je suis coincée ici à réfléchir comment débloquer un tel budget pour tout ça. Encore une nuit blanche à me demander comment Eldon a fait pendant toutes ces années sans devenir fou. Encore une nuit à me demander si j'ai pris la bonne décision. Encore une nuit blanche à soupirer en imaginant ce qu'aurait pu être ma vie si j'avais continué cette tournée avec lui. Les regrets qu'on garde en secret sont définitivement les plus amères.

Jungle [Drake]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant