— J'ai entendu dire qu'il y avait un plancher de verre tout en haut, a-t-elle murmuré. J'imagine que tu vas l'éviter ?

J'ai ri.

— Tu me connais trop bien.

Elle a cessé de sourire.

— Pourquoi ?

— Pardon ?

— Pourquoi tu fais tout ça, Logan ? Pourquoi t'agis comme ça ? Je t'ai demandé de te tenir loin de moi.

— Tu crois vraiment que tu vas y parvenir ? Tu crois qu'après ces trois mois d'amitié, tu peux m'éloigner de toi ? J'aurai beau faire un nombre incalculable de promesses, j'en serai toujours incapable.

Sacha a baissé les yeux, s'enfermant dans son mutisme.

L'ascenseur est arrivé à notre hauteur. Nous avons pénétré à l'intérieur de celle-ci, accompagnés de nombreuses personnes. Il y avait tant de monde entassé dans le même petit ascenseur, si bien que j'étais plaqué contre le mur. Sacha était face à moi, son corps à quelques centimètres seulement du mien. J'ai dégluti. Elle a détourné le regard. L'élévateur s'est mis en marche et un guide, installé dans le coin, s'est mis à nous expliquer l'histoire de la tour. Je l'ai écouté distraitement, mon coeur battant à mille à l'heure, alors que nous montions. Premièrement, l'endroit était extrêmement fermé, de quoi faire peur à un claustrophobe et deuxièmement, cent quarante-six étages d'un coup, c'était beaucoup pour un mec comme moi qui avait le vertige. J'ai fermé les yeux, attendant que le moment passe. Puis, l'ascenseur s'est arrêté. J'ai poussé un soupir de soulagement, alors que j'en sortais. Sacha s'est précipitée contre la fenêtre. On aurait dit un enfant devant un nouveau jouet. J'ai souri, avant d'aller la rejoindre. La vue était incroyable. Tout Toronto était à notre portée. Le soleil s'était déjà couché, si bien que tous les gratte-ciels étaient illuminés. C'était tout simplement magnifique. Bien entendu, j'avais déjà visité la tour du CN. C'était les sorties typiques de sixième année. Ça, et les chutes Niagara. Néanmoins, la vue offerte me surprenait toujours autant.

— Tu savais que c'était le cinquième édifice le plus haut au monde ? m'a appris Sacha.

— C'est pas Dubaï, ça c'est certain.

— L'architecte qui s'est occupé du design était australien. Il s'est inspiré du mouvement brutaliste pour créer cette tour.

— Comment tu sais ça ?

— Je lis beaucoup, a-t-elle répondu.

J'ai contemplé la vue, silencieux. Qui pouvait se lasser d'un paysage pareil ? Je comprenais l'envie de ses touristes de visiter cette tour : c'était définitivement un incontournable.

Je me suis promené jusqu'à tomber sur le plancher de verre. Je me suis arrêté brusquement, à une distance raisonnable de l'objet de ma peur. La vue de la tour du CN ne faisait pas si peur, tant que je regardais au loin. Mais dès que je regardais au-dessous de moi et que je réalisais à quel point tout était minuscule, des frissons parcouraient mon échine. Alors aller me poser sur le plancher de verre pour ne réaliser qu'il n'y avait que ça pour me séparer du vide... Non, merci.

Tandis que je regardais avec effroi les audacieux qui se baladaient sur le plancher transparent, Sacha s'y est aventurée. Je l'ai observée. Elle m'a fait signe de la rejoindre. J'ai secoué la tête.

— Allez, viens ! a-t-elle insisté.

— J'ai pas envie de mourir.

— T'es dramatique.

— Ou tout simplement intelligent.

Elle a secoué la tête.

— On ne voit ça qu'une fois dans une vie.

La théorie des cactusWhere stories live. Discover now