Maël n'en savait rien.

- Je ne sais pas.

Ce qu'il voulait ajouter c'était qu'il voulait juste tout arrêter, se lamenter sur son sort. Il en pouvait plus de combattre ça chaque jour en vain. S'accrocher à ses études pour finir par ne plus dormir la nuit, il ne le supportait plus. Maël était détruit.

Il sortit du bureau encore plus déboussolé qu'il ne l'était et passa dans les toilettes pour se passer de l'eau sur le visage. Ses yeux étaient gonflés et il n'était pas prêt à affronter les regards inquiets de Claire ou Romain dans sa classe.

Alors il s'enferma dans une cabine et appela Enora. Il était 8h17, les cours débutaient dans une dizaine de minutes. Peut-être qu'elle viendrait à sa rencontre. Maël avait réellement besoin d'elle sur le coup. Il avait passé toute son année à s'enfuir à travers des livres. Aujourd'hui, il se prenait tout dans la face.

Maël en avait marre d'être malheureux, de devoir le cacher et de continuer à vivre ainsi, sans savoir comment se réparer.

Enora déboula dans les toilettes des hommes toute essoufflée. Elle toqua dans toutes les cabines et rentra dans celle de Maël.

- Hey, débuta-t-elle en lui souriant tristement.

Elle seule pouvait le comprendre. Une fois, il avait hésité à en parler à Claire mais ce n'était plus pareil entre elle et lui. Et puis Romain le prenait toujours de haut et ça lui faisait mal de se sentir bas. Et c'était tout con parce que si Maël lui disait qu'il aimait les garçons, Romain arrêterait de l'embêter sur le sujet d'Eno'. Mais Maël n'arrivait plus à se confier à quiconque à part la brune qui avait toujours été là à ses côtés dernièrement.

- Joyeux anniversaire Maëlou, chuchota-t-elle en le prenant dans ses bras.

Il se mordit la lèvre pour ne pas pleurer parce qu'il ne voulait pas avoir l'air pitoyable face à sa meilleure amie. Et puis, il était grand maintenant, 17 ans, il sentait qu'il grandissait et ça lui faisait peur. Maël aimait bien quand il avait 15 ans et qu'il se fichait de tout devant Mario Kart.

- Nouveau départ d'accord ? tenta-t-elle en caressant ses cheveux.

La voix d'Enora l'apaisait. Elle lui rappelait qu'il n'était pas seul face à ses problèmes. Lorsqu'il ressortit de la cabine et que sa montre affichait 8:30 il s'en voulut d'avoir retardé Eno'. Il s'excusa maintes fois dans les escaliers puis rejoignit sa classe, dépité.

***

La vie de Maël n'était pas toute noire non plus. Quand la bande était réunie, il se sentait bien mieux. Il pouvait même rire ou sourire naturellement. L'effet que certains amis avaient sur lui était surprenant. Il avait même oublié ses soucis pendant les journées d'été en Normandie.

Mais lorsqu'il était face à soi-même surtout devant une glace, tout le mal l'étouffait. Et les images revenaient en mémoire. L'intrusion, la douleur, la violence et son appel au secours sourd. En boucle.

De retour en France, il était resté dans un déni constant avant de se rendre compte qu'il avait peur qu'on le touche. Qu'il avait peur quand Enora lui faisait la bise. Alors il s'efforça d'aller mieux.

Là où il se sentait le moins bien restait les moments où il faisait comme si de rien était avec sa mère. Avant, il confiait tout à elle. Mais il ne voulait pas qu'elle sache qu'il aimait les garçons. Elle, sa gentille mère catholique qui peinait à payer le loyer trop cher sans subventions. Sa mère qui lui disait que les homosexuels étaient des gens formidables mais qu'ils n'allaient pas lui donner de petits-enfants sans mère porteuse.

BONBONS HARIBO & autres sucreries de la vieWhere stories live. Discover now