Interlude- Chapitre Bonus

Depuis le début
                                    

Je ne pouvait plus sortir de chez moi sans le voir. Mes quotidiennes balades de soirée le croisait malencontreusement à chaque fois. Je ne pouvais plus poser un pied dehors, regarder par une fenêtre sans sentir son regard sur moi et ressentir ce même frémissement de la première fois. Je fuyais cette sensation qui m'effrayais. Mais un jour je n'ai pas pu l'éviter. Il était venu chez moi, directement vers ma porte. Il était venu pour faire connaissance.

Je l'avait trouvé devant ma porte, une boite de sucrerie à la main, le regard brillant comme d'une maladie inconnue, un délicat sourire contre sa forte mâchoire.

«  Bonjour, avait-il simplement dit, je suis le nouveau voisin. Je vous ai amené des chocolats. Je peux enter ? » Et je l'ai laissé enter. Nous avons parlé longtemps, ou du moins lui. C'est aussi lui qui a mangé toute les confiseries, je n'avait pas eu le courage d'y toucher. Il me parla de sa vie d'avant, comment il était arrivé là, ses passions, ses anciens amis, sa famille, comment il trouvait sa maison, et sa surprise de trouver le quartier si vite. Je le trouvais touchant et drôle, j'avais envie de rester près de cette aura chaleureuse qui se dégageait de cet homme. Tout respirait la joie chez lui, de son sourire à ses cheveux, sa voix de velours doux, et même ces yeux bleus. Le bleu était alors pour moi la plus chaude couleur du monde.

Ces entretiens ce sont répétés. Souvent. Je me suis trouvée à lui cuisiner des plats plus extravagants les uns que les autres bien que je ne mangea jamais. On jouaient également comme de vulgaires enfants innocents à de vielles consoles qu'il appréciait. Je lui montrait mon jardin, on planta même des pommes de terre biotechnologiques à option lumineuse qu'il me restait. Je ne sait plus comment Gray avait fait son compte pour qu'elles explosent et répandent sur toute la pelouse leur liquide gluant phosphorescent. Je suis presque sûre qu'il avait doublé la dose d'engrais. Mes journées avec lui s'allongeaient et ce répétaient.Je les aimaient. Je voulait que tout ces instants avec lui durent une éternité. Mais rien n'est éternel. Et un jour ça devait ce finir.

Ce jour là quand il vint chez moi, je le sentit différent. Son regard emplit de lumière à laccoutumée portait un voile sombre.

«  Tu vas bien Gray ?

Lithya... Je dois te parler. »

Je l'ai installé sur le canapé, près de moi sans pour autant le toucher, pourtant je sentait comme un brasier sur ma peau du à cette proximité.

«  Je dois partir. Apparemment la maison n'était pas pour nous. Une erreur administrative.

Bien sûr, je me doutais... Une erreur administrative. »

Je savais bien qu'il ne pouvait pas emménager ici normalement. Tout allait redevenir comme avant. Mais je ne voulais pas que tout redevienne froid, silencieux et sombre comme avant . Je voulais garder mon soleil, le seul qui me donnait encore une raison de vivre. Je le regardais, comme si je le voyais une dernière fois, dans ces yeux je percevais un désespoir embrasé qui le poussa à aller vers moi.

«  Lithya, ce n'est pas un hasard si je me suis retrouvé près de toi. Ce n'est pas un hasard si je t'ai rencontré. C'est le destin qui a voulu que je te vois. »

Se rapprochant inlassablement je pouvait comme sentir son souffle dans mes cheveux, sur mon cou, mais lorsqu'il posa sa main sur la mienne elle la traversa. Il regarda effrayé sa main qui me traversait pendant que je pouvait sentir des larmes inexistantes dévaler mes joues. Il ne pourrait pas me toucher, m'embrasser, m'enlacer, ni me prendre. Il ne me voyait pas vraiment.

«  Non Gray tu ne m'a jamais vu. »

Je pensais qu'il allait partir, fuir devant ce que je ne suis pas. Mais il restait là, stoïque.

«  Alors laisse moi te voir ».

Je l'ai emmené dans ma chambre, pour qu'il voit le sarcophage. Je lui ai expliqué l'accident il y a trois ans au cour duquel en jouant avec le fils du président du conseil nous avions déclenché l'hyperventilation de la serre et son explosion. Je lui ai expliqué comment j'ai tué mon premier amour, et comment mon corps seul survivant décadent avait été cryogénisé pour survivre, et comment je vivais à travers un hologramme virtuel en attendant mon clone de remplacement, à mes 18 ans.

Je le regarde. C'est une sensation étrange de voir celui qu'on aime regarder son propre corps, comme on observe une personne à part. Je regarde Gray, perdue sur son visage, dans ses cheveux sauvages et si vivants avant de reporter mon regard sur le corps froid et mort d'où mon hologramme est issu. Je sais que je suis dans cette tête contenue dans ce corps. Mais je sais aussi que ce que Gray a aimé n'est qu'une vulgaire projection virtuelle. Et que jamais il ne pourra réellement m'aimer.

«  Tu vois Gray, c'est impossible. Je ne suis pas celle que tu crois. Mais avant que tu ne partes en courant je voulait te dire que je n'ai jamais ressentit quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un que ce que je ressent pour toi. Et que tu me manqueras.  »

Il me regarde les yeux emplis de cette lumière que j'aimais tant chez lui.

«  Tu es exactement celle que j'attendais. Et j'attendrais ici le temps qu'il faudra pour te sentir contre moi. Virtuelles ou réelle».

Il pose alors ses mains sur mes hanches prenant soin de ne pas me traverser, et je sens à travers le tissus la chaleur de ses paumes contre moi. Je ressent son souffle contre ma joue, son corps exhalant un parfum de sureau et de cannelle. Ces yeux frais me brûlant le corps, il me dévore et je fond. Il m'embrasse de sa pleine bouche et je sent une chaleur nouvelle s'emparer de moi, affluer par toutes mes terminaisons nerveuses et brûler mes membres d'un feux ardent. Je n'ai jamais été plus vivante sous ses sensations virtuellement réelles, et même si je ne sentait rien, mon hologramme brûlait d'une chaleur et d'un amour que le virtuel ne pouvait séparer de moi.

D'un amour véritablement réel.

Spleen GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant