Partie 5: rupture

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***pdv Nabil

J'ai mal à la tête. Genre grave. On y est pas allez avec le dos de la cuillère en même temps hier. On a commencé la défonce laaaaargement avant le concert. Et fini bien après. Ca pèse. 27 ans, je suis plus le même. Dire qu'à 20 ans j'étais frais comme un gardon matin midi et soir, toujours une gaule d'enfer, même avec trois résoi et 10 grammes de C dans les pattes. J'ouvre les yeux. OK c'est pas mon appart ça. C'est beaucoup trop girly. Il y a des meubles, des guirlandes lumineuses, une housse de couette à fleurs. Chaud. J'aime bien la zouz mais elle est tendue quand même.

Elle s'appelle Colette. Allez savoir pourquoi j'ai craqué en Thaïlande. Elle allait partir et j'ai senti comme une pointe de regret. Alors je lui ai donné rendez-vous à notre concert au Show Case. J'ai jamais fait un truc aussi naze de toute ma vie, courir après quelqu'un dans un aéroport. Pourtant, tout se passait bien jusqu'à là. J'étais tombé sur la seule meuf française assez perchée pour ne pas connaître PNL. Et assez chelou pour ne pas poser de questions perso. Je suis sûr qu'au fond elle m'a pris pour un dealer pendant toutes les vacances et que ça a dû la faire mouiller grave de s'encanailler avec un bad boy. Si elle savait. Bref, j'ai niqué à l'œil pendant deux semaines, sans les inconvénients de la vie dans les tours, où tout le monde est au courant de tout, tout de suite, des vraies commères. Un onze contre un ragot, ils vendraient reup et reum pour savoir qui se tape la voisine du 6ème. Là-bas, tout ce qui se passe à la Full Moon reste à la Full Moon. Je pouvais me taper une bourgeoise sans me faire juger par l'intégralité du tiéquar. Mais j'ai craqué. Avec ses maladresses d'handicapé et sa manière de parler, tellement cucul. Et Ashour, ce connard de fleur bleue qui me répétait sans cesse qu'elle était « spéciale ». Tellement dép celui-là. Pourtant j'ai vu d'autres tepu à mon retour aux Tarterêts, mais je pensais sans arrêt à elle. Elle m'a trotté dans la tête, elle et ses petits seins et ses petits hauts à fleurs de bourgeoise. J'ai presque eu envie qu'elle ne vienne pas au Show Case à un moment, ça aurait été beaucoup plus simple. Finalement, j'étais content de la voir débarquer, même si elle m'a tapé un caprice de dessous les fagots à la seconde où elle m'a vu. Je veux dire, j'étais vraiment content de la voir, comme ça m'était pas arrivé depuis longtemps.

Et voilà que je fais quelque chose que je ne fais JAMAIS d'habitude. Je dors chez elle. Genre, même lit, même pièce, toute la nuit. Mon portable indique 11heures. Merde. Elle est pas dans le lit. Je me redresse, enfile mon caleçon et sors de la pièce. Un petit salon aussi chichiteux que la chambre, ambiance New Girl un peu, cette série de merde qu'Ashour m'a forcé à regarder un jour. Quel PD.

- Ya du café chaud si tu veux, me dit Colette affalée sur le canapé, l'air aussi fraîche que moi, en train de mater la Maison France 5.

Du café. Et pourquoi pas des croissants. Complètement psycho.

- Et je suis descendu à la boulange aussi.

Oh merde. Elle se prend pour ma daronne ou quoi ? Elle porte un vieux jogg dégueu et un tee shirt trop large. Zéro effort.

- T'es descendu comme ça ?

Elle me jette un regard furax.

- Alors toi t'as le droit de te balader en jogg dans tous tes clips mais moi c'est trop pour descendre au coin de ma rue ?

Je capitule, pas envie de répondre.

- Je vais y aller, dis-je.

De nouveau un regard furibond.

- Tu tires ton coup et tu te casses ?

Pas envie de répondre. Je ramasse mon tee-shirt qui traine sur le dossier du canapé.

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⏰ Last updated: Jun 09, 2017 ⏰

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Nous n'irons pas à Coachella...Where stories live. Discover now