Partie 3: le départ

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- Nabil, t'as pas vu mon maillot ?

Je secoue le drap en coton blanc une énième fois. Ca fait dix minutes que je cherche.

- Tu peux rester comme ça ma belle, me chuchote-t-il a l'oreille.

Oh mon dieu. Ca va faire deux semaines que nous passons notre temps au lit et pourtant il continue à me faire cet effet-là. Je peux littéralement sentir ses abdos contre mon dos nu.

J'avais initialement prévu de continuer mon voyage, explorer un peu du pays, mais il faut bien l'avouer, je suis restée pour lui. Quelle conne. Pour lui. Après le malencontreux épisode du vomi, j'ai cru qu'il allait m'abattre et abandonner mon corps derrière un talus. Mais non, tout au contraire, il a semblé conquis. Enfin, aussi conquis que peut le manifester Nabil. Il n'est pas du genre expressif comme garçon. L'œil noir et le sourire mystérieux. Je ne sais absolument rien de lui, on ne parle pas. Enfin, plus précisément, il ne parle pas. Et je ne le questionne pas. Je laisse planer le doute, même si au fond de moi, je sais que c'est un dealer de drogue, et sûrement de grande envergure d'ailleurs, si j'en crois le fric qu'il claque ici. Mais peu importe, c'est le genre d'histoire que je ne regretterai sûrement pas. On baise, je raconte ma vie, on re-baise, on boit des pina colada. Les vacances les plus fun que j'ai jamais passé de ma vie, avec du recul. Son frangin ne m'adresse jamais la parole. Jamais. Quand on est ensemble, il se contente de m'ignorer ou de me toiser avec dédain. Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Quand j'ai demandé à Nabil, il a juste haussé les épaules et m'a ignoré. C'est de famille ce truc. Ses copains sont plus sympas. A l'instar de Nabil, aucun n'a évoqué une quelconque activité professionnelle. Ils « pèsent » comme ils aiment à dire. Je n'en doute pas un instant. J'ai vaguement copiné avec Ashour, le garçon au bob qui m'avait offert le jus de fruit. C'est le seul qui ne se comporte pas avec moi comme si j'étais une extraterrestre incapable de comprendre quoique ce soit.

« Tu vois, on vient pas du même monde Coco. Tu peux pas savoir tout ce qu'on a vécu et tout ce qu'on vit, là, en ce moment. Toi t'es là-haut, looooiiiiin. Nabil est passé au bon moment pour te choper, mais sinon t'es pas vraiment là hein. »

Il était passablement défoncé le soir où nous avons eu cette conversation. C'est d'ailleurs le soir où j'ai revu l'australien qui m'avait donné du LSD. Environ une semaine après...

*Flash back

Nous étions à la terrasse d'un bar, en train de boire des cocktails. J'avais mis une jolie robe rouge très décolletée achetée plus tôt sur le marché; ce que Nabil n'avait même pas daigné remarqué ; et fait un effort sur le make up, pour une fois.

« Oh, Colette, how are you ?

- Oh, fine, fine...

Je n'étais pas vraiment ravie de voir l'australien. Lui avait l'air très heureux et il s'assit sans ménagement à côté de moi, passant un bras conquérant autour de mes épaules, après avoir tiré une chaise au milieu de la petite assemblée. Comme un gros cheveu dans la soupe le mec. J'étais on ne peut plus mal à l'aise. Nabil, assis en face de moi, lui jeta un regard torve mais je lui fis signe que je gérais. Il n'en détacha pas pour autant son regard de moi. L'œil noir charbon. Sexy en diable.

- Next time, tell me if you give me LSD ! dis-je, assez peu convaincante.

- Ahahaha, come on, you loved it !

- No, i didn't

- Ooooh Colette, you're so cute !

Il me serra contre son énorme épaule de marin en m'embrassant sur le front. Il sentait la bière à plein nez et me fit un peu mal au cou. Nabil capta ma petite grimace. Un pas de trop pour lui qui se leva et déclara d'un ton menaçant :

Nous n'irons pas à Coachella...Where stories live. Discover now