Rosa ¨¨PAUSE¨¨

*~ Chapitre 2 ~*

Le talent pour le dessin avait dû sauter une génération : ma grand-mère dessinait admirablement bien, ma mère également. Personnellement l'arbre que je m'efforçais à faire ressemblait plutôt à un ballon de foot recouvert de boue qu'à un végétal. 

C'était de l'art contemporain.

Ce cours d'arts plastiques devait être très intéressant pour le garçon que je fixais depuis tout à l'heure, il était en train de dessiner une forêt et d'après son odeur c'était lui aussi un loup-garou. Peu importe, son dessin était tout simplement éblouissant et c'est tout naturellement que j'ai essayé de le recopier. 

Erreur. 

-Arrête de faire comme moi, dit le garçon en se retournant

-Qu'est-ce que tu racontes, répliquai-je en ajoutant du rouge pour me différencier de                   son oeuvre  : foutue fierté. 

-Je te vois depuis le début m'observer et faire les mêmes gestes, regarde j'ai fait ce trait jaune pur voir si tu allais faire de même et tu l'as fait. T'es pas très discrète en terme de copisme, je sais même pas si ça existe comme mot. Il éclata de rire

-Non ça ne se dit pas mais c'est pas grave, regarde je rentre bien dans le sujet "mon endroit de bonheur" non ? Au pire je dirai que ma vie est floue en ce moment, que j'ai perdu mes repères ou que c'est de l'art moderne tout simplement, dis-je en rigolant

-T'as raison, de toute façon tu passeras pas au tableau vu ton niveau et puis ça ressemble pas du tout au miens, il éclata de nouveau de rire, au fait tu t'appelles comment ?

-Abbigail mais tu peux m'appeler Abbi et toi?

-James Ward pour vous servir, dit-il en faisant une révérence

-Dit donc ton nom est super original, me moquai-je

-Tu peux parler Abbigail. Il rigola.

-Ouais mais moi il y a deux "b"

-Si tu le dis 

On rigola de nouveau. 

La sonnerie arriva bien vite et je m'empressai à ranger mes affaires.

-Au revoir Abbigail avec deux "b", cria James depuis la salle 

Et c'est avec le sourire aux lèvres que je quittai la salle.   

D'après mon emploi du temps, histoire était mon prochain cours, le seul problème étant ma connaissance limité des couloirs et de l'emplacement des salles de classe. Mon instinct me dirigea vers un couloir reculé et désert. Une porte se trouvait à mon opposé, elle était rouge et délavée. En actionnant la poignée, je me retrouvai à l'extérieur. Dans le temps, elle devait servir de sortie de secours. Cette découverte ne servait strictement à rien, perdue, je rebroussai chemin et pris une autre direction. Au bout d'une demie-heure, la salle cent-dix-sept se dressa enfin devant moi. Soulagée mais quelque peu anxieuse, je toquai vivement à la porte. C'était le second cours où j'arrivais en retard et cela devait cesser. 

Malgré tout, le professeur m'accueillit avec un grand sourire et m'invita à m'asseoir au troisième rang. Je me trouvai à présent à côté d'un garçon roux, il me dépassait de deux bonnes têtes en étant assis. D'accord jamais je ne fus très grande- d'ailleurs tout le monde me dépassait ici- mais il devait être d'une grandeur quasi terrifiante. Son regard, lui, était d'un froid sibérien et son visage ne portait aucune once de bienveillance. Plus tard j'appris que son nom était Vincent.