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Kowski ! aboya Carl. Nos cafés.

Carl, c'est mon patron. Il se prend pour le maître du monde, si vous voulez mon avis. Tout ça parce qu'il est canon et que sa boîte est cotée en bourse. Quel pauvre type. Non, je ne l'aime pas.

En fait, c'est lui qui ne m'aime pas. Je crois. Mais si on me demande, je dirais que c'est moi. En fait je le soupçonne d'avoir le béguin pour moi. Du coup, on est dans la phase du Je-t'aime-moi-non-plus. Vous voyez le truc. Enfin j'espère. Je ne vois pas pourquoi il serait comme ça avec moi sinon.

Ou alors il est gay. Mais je suis tellement canon que je trouble sa sexualité. Oh mon Dieu.

Je me levai d'un bond et remontai mon jean. Il faut que j'aille chercher ses fichus cafés. Carl et son équipe me prennent pour leur bonne. Tout ça parce qu'ils sont tous diplômés d'une université réputée. Faire de longues études pour finir dans un bureau à vendre des trucs, c'est carrément une perte de temps. Attendez. Qu'est-ce qu'ils font au juste ? Je ne sais même pas ce qu'ils vendent. Ou si même ils vendent quelque chose. Je me souviens juste avoir vu une annonce dans le journal un matin disant que CS Industries recherchait une secrétaire. Avec Papa qui refuse de me payer autre chose que mon loyer, j'ai pas hésité une seconde.

J'enfilai ma veste et me dirigeai vers l'ascenseur d'un pas assuré. J'ai lu quelque part qu'avec une bonne démarche, on renvoie aux gens une image de réussite. Bon, ma vie actuelle est un fiasco. Mais je suis sûre qu'en fait, elle n'a même pas commencée. Et qu'elle m'attend au coin de la rue.

~

La cloche tinta, signe qu'une personne venait de pénétrer dans l'entrée. Je ne levai pas les yeux, trop concentrée sur mon jeu.

Bonjour.

J'hochai la tête sans jeter un œil à l'homme qui se tenait devant moi.

Euh. Je cherche le bureau de Carl, commença-t-il.

Il s'arrêta alors qu'un rire noir s'échappai de ma bouche, les yeux toujours rivés sur mon écran.

Je ne me savais pas si drôle.

Mes yeux se posèrent enfin sur mon interlocuteur. Il avait les cheveux bouclés, savamment coiffés et un t-shirt vert bouteille. Malgré son manque de style cruel, il était plutôt pas mal.

Vous ne l'êtes pas. C'est juste que, croyez-moi, vous ne cherchez pas Carl. Enfin je vous conseille de ne pas le faire.

Ses yeux vert s'illuminèrent alors, une pointe de curiosité enflammant ses pupilles.

Pourquoi ça ? s'enquit-il.

Je reportai mon attention sur mon jeu, les sourcils froncés de concentration. Il posa ses avant-bras sur le comptoir de verre.

C'est un imbécile, commençai-je. Un petit arrogant qui pète plus haut que ses fesses et qui se croit tout permis parce qu'il a réussi. Je le déteste. Je crois que j'ai jamais autant haït quelqu'un de ma vie. Je vous jure. Il me fait sortir de mes gongs à peu près six fois par jour. Mais ne vous inquiétez pas, je lui rend bien la pareille, m'entendis-je dire une pointe de fierté dans la voix. Par exemple, y a deux mois, il présentait un machin à des gros clients. Des chinois , je crois. Ils arrivaient dans la matinée. J'ai amené son café à Carl comme d'habitude. Mais j'y ai foutu des laxatifs. Un tas ! Les clients se sont pointés et je les amené jusqu'à la salle de réunion. Avant que j'ouvre la porte, Carl l'avait déjà ouverte et courait aux chiottes. Et bien évidement, j'avais vidé toutes les cabines des toilettes de leur papier. Dans tes dents monsieur le patron. Oh et une fois. Vous allez rire. Je ne sais plus ce qu'il m'avait fait, mais j'étais hors de moi. Toute la nuit. Alors vous imaginez bien, le lendemain matin quand je suis arrivée sur le parking et que sa putain d'Audi était là toute luisante me narguant vicieusement, j'étais obligée. De la rayer. Une toute petite, bien sûr. Juste au dessus du rétro droit. Il a toujours pas remarqué. Mais toute la boîte si. 2-0 pour Ana ! chantonnai-je.

Je ne pouvais littéralement plus m'arrêter. Mes lèvres bougeaient sans que je ne leur ordonne de le faire, les mots s'échappant un à un de ma bouche.

Une autre fois. C'était y a quelques semaines. Il venait de boucler le dossier Davis sur lequel il bossait depuis des mois et dont tout le monde parlait. Il est allé se fumer une clope sur le toit de l'immeuble. Y avait un de ces vents, mon Dieu. Je passais par là. Et à travers les portes vitrées, j'ai vu un tas de feuilles posées sur le bureau. J'ai ouvert la fenêtre. Le temps que je sorte, elle s'étaient envolées. Quelques une dans la pièces, les autres à travers la fenêtre. Mais pas de bol, Bernard m'a vue. C'est un lèche-cul, lui. J'ai eu peur qu'il me balance après que Carl ait tapé sa crise. Il avait les larmes aux yeux. Carl. Mais je crois qu'en fait, Beber était content de ce que j'avais fait. Il a pu se mettre en avant en disant qu'il avait "juste pour s'amuser" bosser sur Davis. Du coup, il a eut une promo. Le bâtard. Et même pas un merci ! me plaignais-je.

Je respirai, à bout de souffle. Mes yeux se posèrent sur mon interlocuteur. Il n'avait pas dit un mot depuis que j'avais commencé. Un grand sourire fendait ses lèvres, les yeux captivés. Je rougis et m'éclairci la gorge.

-  Euh. Vous êtes ? balbutiai-je.

La porte latérale de mon bureau s'ouvrit à la volée, un Carl s'y dessinant. Je m'enfonçai dans mon siège mal à l'aise.

Harry ? Qu'est-ce que tu fais là, frangin ?

Et c'est comme ça que tout a commencé.

une question ?

catchit // hsWhere stories live. Discover now