Partie 3

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FLASHBACK

Mon père avait encore vidé trois bouteilles de whisky. Ça sentait partout dans la maison. L'odeur d'alcool imprégnait les murs, le sol.... Tout quoi!

Il était installé dans son canapé poisseux, on aurait dit un clochard. Il était là, tranquillement: ses cheveux lui collaient au visage, des vêtements avaient une odeur insupportable et, comme chaque jour, après le collège, je devais faire les courses.

Roman etait parti depuis 6 mois. 6 longs mois. Il me manquait tellement. Je cherchais sa présence dans la maison mais rien; juste des photos par-ci par-là, mais rien qui me le rappelait vraiment. Mon père n'avait pas accepté son depart alors il avait jeté le peu d'affaires qu'il restait dans la chambre de Roman.

"- HEY! APPORTE-MOI UNE BIERE" Me hurla mon père.

Chaque soir, j'étais son larbin: "fais ci! ", "fais ça!", "prépare ci!", "prépare ça!"... Bref, sa femme de ménage et son souffre-douleur.

Ce soir, j'avais préparé ce que mon père aimait bien: steak-frites et une salade.

"- C'EST QUOI ÇA? TU M'AS PRIS POUR UN LAPIN? HEIN? TU TE FOUS DE MA GUEULE?" Me hurla-t-il en balançant la salade par terre.

"- Papa, c'est pour accompagner le repas!" Repondis-je doucement pour ne pas le contrarier.

"- ET T'AVISES PAS DE RÉPONDRE!" Une claque s'abattit sur ma joue.

Je garde en moi mes larmes, je ne veux pas lui faire ce plaisir.

"- RAMASSE ET PLUS VITE QUE ÇA!" Cria-t-il.

Vu l'état d'ébriété avancé dans lequel il était, je me depêchai de ramasse chaque morceau.

Je me dirigeais vers la poubelle pour les jeter, quand il hurla de nouveau:

"- T'AS VOULU FAIRE DE LA SALADE, TU VAS LA MANGER. TOMBÉE PAR TERRE OU NON!

- Mais papa! Le sol n'est pas propre!

- TU VEUX ENCORE ME RÉPONDRE C'EST ÇA HEIN?"

Il leva la main. Je fermai les yeux instinctivement mais rien n'arriva jusqu'à ma joue. J'ouvris les yeux après quelques secondes, qui m'avaient paru des heures. Il s'était réinstallé à table.

"- VIENS MANGER!"

Ce que je fis immédiatement.

Le repas se passa en silence et il retourna dans son canapé. Je terminai de manger sans vraiment avoir envie et me dirigeai vers l'évier pour faire la vaisselle, comme chaque soir. Je rangeai tout délicatement car mon père refuse que je fasse du bruit pendant des émissions. Après tout ça, je pensais que mon calvaire était fini. Mais non.

J'étais allongée dans mon lit en train de réviser quand, de nouveau, il hurla mon prénom:

"- JENNIFER! DES PILES! JE VEUX DES PILES! LA TÉLÉCOMMANDE NE MARCHE PLUS!

- Papa, dans le meuble de la télé! Il y a un paquet j'en ai acheté!" Répondis-je sans crier

"- VIENS LE FAIRE!" Hurla-t-il.

Je me levai doucement, me dirigeai vers le meuble, pris les piles, les glissai dans la télécommande et la tendis à mon père.

"- ÇA MARCHE PAS!" Cria-t-il.

"- Si papa, doucement, ça va fonctionner.

- ARRÊTE DE TE FOUTRE DE MOI, TU LE FAIS EXPRÈS! TU VEUX PAS QUE JE REGARDE LA TÉLÉ, HEIN SALE GARCE?!

- Non papa! C'est pas ce que tu crois! Je te jure!"

J'avais l'habitude de ses insultes: "petite conne", "petite pute", "trainée"....

"- ARRÊTE DE JURER! C'EST TOI, C'EST TOUT! TU VEUX FAIRE COMME TON FRÈRE? ME LAISSER ICI ET FAIRE TA VIE HEIN?!"

Ses yeux n'étaient plus bleus, mais noirs de rage.

"- On va essayer d'autres piles papa." Soupirais-je en attrayant le paquet.

Malheureusement, il me saisit les poignets et me secoua violemment.

"- Papa! Arrête, tu me fais mal! Lâche-moi!" Suppliai-je.

Mais ce soir-là, mes supplices ne changeaient rien. Il me gifla de plus en plus fort. Je tombai à terre mais rien ne l'arrêtait. Il me donna des coups de pieds et je sentis les côtes de briser sous le choc.

"- C'EST TA FAUTE! C'EST TOUT QUI M'OBLIGE À FAIRE ÇA! C'EST TOI! DEPUIS QUE TU ES NÉE, MA VIE EST PARTIE EN VRILLE! TA MÈRE EST MORTE ET TON FRÈRE EST PARTI! C'EST DE TA FAUTE!" Hurla-t-il.

Les coups étaient de plus en plus forts, ma respiration de plus en plus faible. Puis, il enleva sa ceinture, et commença à me frapper avec. Je hurlais de douleur et je pleurais, même si je m'étais promis de ne pas lui faire ce plaisir.

Je saignais. Le goût de fer était dans ma bouche. Un coup de ceinture dans le bas du dos m'arracha un cri strident. Je sentais cette blessure couler dans mon dos; ça saigne.

Cette fois-ci, je ne crois pas que je vais m'en sortir. Je vais mourir sous les coups de mon pere, sans avoir osé dire à qui que ce soit ce qu'il me faisait subir. En fermant les yeux, j'imagine Roman apprendre la nouvelle de ma mort et venir ici tuer mon père sans le moindre scrupule. Je veux pas qu'il fasse ça. Je veux pas qu'il aille en prison. Je veux pas. Je l'imagine à mon enterrement, me suppliant de ne pas le laisser, comme il l'avait fait avec maman. Je sais que si je pars, Roman ne s'en remettra pas, mais c'est plus fort que moi. Mes yeux se fement, je n'ai plus de force.

"- Roman" Soupirais-je comme un au revoir.

Love Never diesWhere stories live. Discover now