28 Mars 2016

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J'ai décidé d'entamer la création d'un journal intime afin de voir mes progrès – ou plutôt mes faibles avancées – contre la drogue. Certains d'entre vous trouveront cela ringard, d'autres diront que c'est du génie : moi je trouve ça chiant mais cela me permet de mettre sur papier le peu de choses que je ressens. Je n'ai jamais écrit de journal intime étant enfant, ce moyen d'écriture réservé aux ''filles''. Je trouve cette remarque extrêmement stupide étant donné le fait qu'enfant, la différenciation des deux sexes se fait lentement au début des relations de communication entre ces jeunes êtres. Cette différence s'étaye vers l'école primaire, où les clans sexués commencent à se former et à rabaisser l'autre pour telle ou telle raison.

Je me suis égaré de mon sujet primaire... Je n'ai jamais eu l'habitude d'utiliser un vocabulaire aussi enrichi dans ma vie, mon métier ne m'ayant pas aidé sur ce point. Avant, j'étais coach sportif et gros. Je le suis toujours, gros... J'avais pris l'habitude d'entraîner les jeunes hommes subissant la soudaine mode de la musculation – Je n'étais absolument pas tendre avec eux, les insultes volant souvent – ainsi que des jeunes demoiselles souhaitant maigrir ''pour pas avoir un gros cul de graisse mais un gros cul de muscles''. Les jeunes cherchent toujours à s'embellir pour plaire de plus en plus en jeune et faire des choses trop précipitamment, sans réfléchir aux conséquences de leurs actes démesurés... J'ai moi-même voulu améliorer mon physique, pour des raisons sanitaires ainsi que pour mon image : on sait tous que la vue d'un homme enrobé n'attire pas les femmes. On aura tous les clichés que l'on veut sur les personnes grosses : '' C'est juste des fainéants qui veulent pas bouger leurs culs'', '' Faut pas rester devant la télé à manger des chips ou du chocolat aussi !'' ou encore '' Mais les poignées d'amour c'est mignon, ça te fait ressembler à un cupcake ! ''. Je crois que le type de personne qui m'énerve le plus est ce genre de personne qui se veut salvatrice des personnes grosses en disant : '' Faut pas de moquer, ce n'est pas drôle et en plus ça peut être la cause d'une maladie ''. Nous, communauté des personnes enrobées de France, n'avons pas besoin de ton soutien, personne maigre qui veut paraître bien face aux autres. Au pire, si l'on a un problème avec quelqu'un, nous n'avons qu'à le manger et hop : plus de soucis ! J'ai encore dévié... Tant pis, c'est ce qu'on appelle l'écriture au fil de la plume, enfin je crois.

Je me rends compte que je ne me suis même pas présenté (sauf les lecteurs aguerris qui sauront que je suis Marc Lanchevin et drogué) : je suis donc Marc Lanchevin et j'ai 35 ans, allant sur mes 36 années. Je suis brun, petit et, comme vous l'aurez sûrement compris sinon vous êtes un lecteur assez...lent, gros. Les gens me décrivaient comme une personne pleine de vie, agréable et sportive. Maintenant, je suis décrit comme une personne d'haute tension, inactive et inutile à la société, de quoi vous booster pour le restant de votre vie ! Les femmes me reprochaient mon imberbité pourtant je ne prenais pas ceci comme un défaut, au moins mon corps ne se retrouve pas recouvert de poils comme les espèces d'ours, ou ''daddy'' comme ils sont appelés. Cependant, j'ai (très bizarrement) une prolifération de poils pour ma barbe, ce qui fait qu'elle a un aspect de vieux clochard ne se lavant jamais. Je ne trouve rien d'autre à dire sur moi-même, ma vie étant tellement inintéressante. Pourtant, je suis en train de l'écrire sur mon ordinateur... C'est drôle comme la vie peut vous jouer des tours des fois : on s'attend à des choses merveilleuses puis le destin arrive derrière vous, couteau à la main, puis vous plante plusieurs fois pour que vos cauchemars deviennent réalités !

Cela fait deux longues heures que je suis en train d'écrire et j'ai l'impression d'avoir écrit l'entière série des Rougon-Macquart à l'aide de gants de boxe. Je me rends compte que je n'ai même pas parlé de mes problèmes concernant la drogue, sujet, à la base, principal de ce journal. J'en ai marre d'écrire pour aujourd'hui, je continuerai demain je pense, si la flemme ne m'envahit pas d'ici là.


Ma dose de bonheurWhere stories live. Discover now