— Au moins, t'es pas tombé amoureux d'elle.

Les mots m'ont manqué. Je n'avais jamais été très doué pour mentir. Aucune répartie ne m'est venue sur le moment et je suis resté là, à chercher une excuse, le visage aussi rouge qu'une tomate. J'avais l'impression d'être pris en flagrant délit, comme si être amoureux de Sacha Macleod était un crime.

Le mensonge devait se lire dans mon visage, car Lawrence m'a dévisagé.

— Tu plaisantes, j'espère ? s'est-il exclamé.

— Quoi ?

— Fais pas l'innocent, Logan. Tu sais très bien de quoi je parle.

J'ai retenu mon souffle.

— T'es amoureux de Sacha, a-t-il deviné. T'es carrément tombé dans les panneau, en fait.

— Je croyais que je t'avais déjà accordé tes deux secondes sur le sujet.

— Logan...

— Écoute, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux !

— Ah, ça je te l'accorde.

Nous avons pénétré dans la classe de chimie. Je n'ai pas été surpris de tomber sur un local pratiquement désert. Il était encore tôt. Seuls quelques studieux s'étaient présentés à l'avance, cherchant probablement à profiter de ces vingt minutes qui leur restaient avant le début des cours pour étudier.

Lawrence s'est raclé la gorge.

— Tu veux qu'on révise ensemble ?

J'ai hoché la tête. Je ne me faisais pas d'illusion : j'allais couler cet examen. Cependant, j'avais la possibilité de l'échouer avec un peu plus de classe. Ce serait toujours mieux que rien.

On a révisé jusqu'à ce que la cloche sonne sous des airs d'Amazing Grace. J'ai observé Sacha faire son entrée dans la classe et se glisser entre quelques personnes pour obtenir une place à l'arrière. Elle m'a dépassé sans m'accorder le moindre regard comme si elle ne me connaissait pas. J'ai crispé les mâchoires et j'ai encaissé le coup. La douleur commençait à être remplacée par l'irritation. Faisait-elle exprès ? Avait-elle seulement conscience de jouer avec mes sentiments ? Avais-je imaginer ce baiser ?

S'il y avait une chose que je pouvais tirer de cette histoire c'était que l'amour faisait mal. Affreusement mal.



À la fin des cours, je me suis installé à une table dans la cafétéria. Lawrence et Alison sont venus me rejoindre quelques minutes plus tard, tous les deux soumis à une conversation mouvementée. L'asiatique m'a salué, un sourire sur les lèvres.

— J'ai manqué quelque chose ? ai-je demandé.

— Lawrence est persuadé que Mme Walsh s'est faite refaire la poitrine.

— Je te jure que ce n'est pas naturel ! T'as qu'à observer.

— Figure-toi, que je ne regarde pas ses seins, moi.

— C'est difficile de les manquer, d'accord ? a protesté Lawrence.

Alison a levé les yeux au ciel.

— Pervers.

— Et puis, comment arrive-t-elle à faire tenir tout ça à son âge ? C'est un dinosaure, cette femme.

Mon amie l'a ignoré.

— Et puis, Logan, ton examen de chimie ?

— Je m'en suis plutôt bien tiré, ai-je dit.

La théorie des cactusWhere stories live. Discover now