A demain, hier.

Exister

Sans que les jours ne puissent se compter

Quelques mois, quelques temps, quelques orages et quelques larmes.

C'est tout ce que Saylor a raté.

Voilà déjà longtemps que Béatrice ne l'a pas revue.

Elle est portée disparue. Mais tous le monde semble n'en avoir que faire.

Pour la vie mais pas pour le coeur. Celui de la fille d'habitude aux couleurs si joviales est remplacée par du papier.

Du papier déchiré et jeté.

Du papier vierge ou plus une lettre d'encre ne se dessine.

Comme si la phrase de leur histoire s'était arrêtée avant le dernier mot et que le bouquin se fermait déjà.

Plus un chapitre, plus rien.

Les étoiles s'éteignent la nuit, comme si Saylor les avait emmené avec elle.

Comme si elle insistait encore aujourd'hui pour que Béatrice vienne la chercher. Vienne récupérer les lumières peuplant le noir.

Mais où es-tu?

On te voit sans te voir.

On te voit imprimée sur le bois, autour du macadam et partout dans le ciel.

On t'entend parfois sur des sourires et souvent dans des pensées.

On te sent dans l'air iodé et dans les muffins a la myrtille.

On t'aime a l'intérieur et seulement à l'intérieur.

Béatrice est couchée sur le banc, les yeux rivés vers les nuages.

Son visage ne laisse transparaître aucune émotion. Elle ne pense à rien, ne rêve plus à rien, ne vit plus à rien.

Elle reste allonger sur ce banc à attendre le rien passer.

Brice n'est pas venu lui ôter la vie.

Brice n'est pas revenu du tout.

Béatrice l'a d'ailleurs soupçonné d'avoir une responsabilité dans la disparition de Saylor mais connaissant bien son impuissance, elle avait arrêté de chercher.

Alors elle a fini par se faire croire que ça lui était égal.

Plus rien n'a de sens comme tout reste logique.

Le monde est bouleversé et pourtant, qui étais-tu Saylor?

Hein? Tout le monde t'a ignorée, délaissée, et maintenant que tu n'es plus là, tout ce qu'il reste est un coquillage vide.

Un coquillage où la vie n'existe plus.

Respire Saylor, respire.

...