— Toi et ta bouffe... C'est tout une histoire d'amour.

J'ai mangé quelques frites, en jetant un coup d'oeil circulaire à la tablée. Un mec plutôt soûl, deux filles que nous ne connaissions pas, une blonde qui s'amusait à me piquer des frites et un gars banal. Voilà de quoi était composé notre étrange bande créée à l'improviste. Le McDo était, à cette heure, le refuge des gens bizarres et en nous observant attentivement, il n'y avait aucun doute : nous appartenions à cette catégorie.

Emmie s'est tournée vers moi.

— Toi, tu t'appelles comment ? m'a-t-elle demandé.

— Logan.

— C'est un joli prénom.

La fille à ma droite, Gina, me regardait drôlement. En l'observant plus attentivement, j'ai compris qu'elle était beaucoup plus saine d'esprit que son amie. Elle était bien plus sobre qu'Emmie, sans pour autant avoir toute sa tête.

Elle m'a longuement regardé.

— T'es pas moche, tu sais.

J'ai manqué de m'étouffer avec ma boisson gazeuse.

— Merci ?

Sacha ricanait dans son coin, à l'affût de notre conversation.

— T'es célibataire ?

— Euh, ouais.

Gina a souri, malicieusement. J'ignorais ce que cette fille avait en tête, mais je me doutais bien que c'était lourd de sous-entendus.

— T'es carrément son genre, a fait remarquer Emmie.

— C'est-à-dire ?

— Les gars « pas moches » aux allures d'intellectuel. Je parie que tu sors des phrases philosophiques à toutes les deux minutes et que t'es un peu mal dans ta peau.

— Pourquoi j'ai l'impression que tout le monde essaie de me foutre dans une case ? On ne se connaît pas, tu ne peux pas savoir qui je suis.

— C'est plus facile de mettre les gens dans des cases que de leur chercher une certaine profondeur, a répondu Sacha.

Ça m'a arraché un sourire. C'était du Sacha tout craché, ça. Les autres l'ont tous regardée, ébahis.

— T'es qui ? a demandé Emmie.

— Sacha Macleod. Ravie de te rencontrer.

— Tu sors avec Logan ?

Lawrence a ricané.

— Pas encore !

Sacha et moi l'avons foudroyé du regard simultanément.

— Il n'y a rien entre Logan et moi.

— Pour le moment, a précisé mon ami.

— J'ai déjà un copain.

Pour faire mal, ça faisait mal. Ce n'était pas comme si je ne le savais pas, mais l'entendre dire de vive voix m'en faisait prendre pleinement conscience. Et ça, ça me faisait l'effet d'une gifle.

— Que tu trompes sans arrêt, je te rappelle.

Mon amie n'a pas apprécié la remarque de Lawrence. Son visage a viré au rouge en l'espace de quelques secondes seulement. Ses mâchoires se sont crispés et je l'ai sentie qui tentait de retenir sa répartie. J'ai bien fini par croire qu'une dispute allait éclater, mais Sacha est étonnement redevenue zen. Elle a joué avec la paille de sa boisson gazeuse, ennuyée.

La théorie des cactusTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon