Marcher les pieds nus sur du marbre glacial ne fait pas peur lorsque l'on fait ses premiers pas sur de l'or.
La soie glissait sur mes jambes. Je grimaçais. Je détestais cette sensation malgré la douceur. J'avais toujours préféré le coton mais personne ne semblait y prêter la moindre attention.
Je me redressais sans ouvrir les yeux, posant mes pieds sur la froideur du sol. Je frissonnais, entrouvrant enfin mes paupières.
La porte s'ouvrit me faisant sursauter. Je vis Juyun entrer.
-Bonjour Monsieur, murmura-t-elle en se dirigeant vers la grande fenêtre pour ouvrir les rideaux.
Je le regardais faire comme un extra-terrestre. Ça aussi c'était compris dans son contrat? Jamais notre ancienne employée n'avait prit soin de moi au point d'ouvrir mes propres rideaux.
Je fronçais les sourcils en voyant le ciel gris et la pluie qui frappait les vitres.
-Il fait très froid aujourd'hui, je vous ai repassé votre veste d'uniforme.
Je baillais.
-Je voudrais dormir des mois entiers, soufflais-je en me dirigeant vers la porte de ma salle de bain.
Elle se contenta de baissa la tête, me voyant retirer mon tee-shirt.
J'ouvris l'eau de la douche à fond comme chaque matin. La fumée de l'eau brulante envahit toute la pièce. Je frissonnais encore au contact de l'eau. Immergé, je soupirais pensant à cette nouvelle journée que j'allais devoir affronter.
Barbante, longue et épuisante.
J'entendais déjà mon portable vibrer, c'était sûrement Nana qui s'acharnait à savoir si j'avais passé une bonne nuit alors que nous allions nous voir dans moins d'une heure.
Ma vie avait toujours été réglée comme du papier à musique. Mais depuis quelques mois je me sentais différent. Il me manquait quelque chose. Je ressentais au fond de ma gorge que je ne vivais pas. J'aurais voulu vibrer comme avant. M'émerveiller encore en voyant ces filles se plier en quatre pour croiser mon regard. Savourer la nourriture délicieuse ou même encore rire des plaisanteries de mes amis.
Vraiment j'étais en train de devenir un vieux petit fils de riches aigri de tout. C'est possible d'être déjà aigri à 17 ans?
Je coupais l'eau, sachant que j'allais finir par être en retard à tant lambiner. J'enfilais rapidement mon uniforme en prenant soin de bien faire mon nœud de cravate.
-Jongin ! Viens manger ! Tu vas être en retard !
La voix de ma mère criarde à 7 heures du matin était aussi insupportables que les miaulements de Nana à 10 heures du soir.
Je sortais de ma chambre, me dirigeant dans la cuisine avec mon sac sur l'épaule.
Le parfum de ma mère avait déjà envahit tout l'appartement. Je pris une pomme au passage, portant le tissus de ma veste sur mon nez pour éviter de faire un malaise si tôt.
-J'ai pris de quoi manger maman ! A ce soir ! Criais-je avant de refermer rapidement la porte de l'appartement. Tant que je pouvais éviter ses réflexions tout irait déjà bien.
-Jongin ! Jongin !
La voix de ma mère transperçait même les murs insonorisés. Je dévalais les escaliers en croquant dans la pomme. Il était 7h25, j'avais donc moins de deux minutes pour ne pas rater mon tramway.
Je me décidais tout de même de courir en le voyant au bout de la rue. Si stupide, que j'avais oublié mon parapluie. Parfois je voudrais me mettre des claques.
