Chapitre 9

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Isadora se réveilla le corps endolori. Les draps froissés, autour de son corps, elle se redressa sur le coude et se retrouva nez à nez avec Jafar, assis au bord du lit, torse nu, le visage fermé. À peine éveillée que son cœur tapait déjà contre ses tempes violemment.

— Bonjour...

Isadora ne trouva même pas la force de bouger. Elle attendait qu'il parle, qu'il prononce un mot, n'importe lequel.

— Bonjour Isabelle. As-tu bien dormi ?

Sa voix, fut chaleureuse, mais à peu audible.

Regrettait-il ?

— Oui et toi ?

Il pivota son corps et plongea son regard dans le sien.

— J'ai beaucoup réfléchi. Pourquoi es-tu si tendue hier soir ? Je te pensais moins timide.

Elle retint son souffle.

— J'étais nerveuse, simplement nerveuse.

— Toi ? Nerveuse ? Est-ce que tu te moques de moi ?

Une ombre passa dans son regard tandis qu'il l'a dévisagé, suspicieux.

— Non ! J'avais peur de te décevoir !

Isadora se redressa et passa en revue la chambre à la recherche de sa chemise de nuit.

Le cœur battant.

— Tu ne m'as pas déçu et je trouve cela bizarre que tu t'en préoccupe. Dit-il en lui donnant sa chemise qu'il tenait dans sa main, poings fermés.

— C'est normal. Tu es mon mari. Et tu avais tellement d'a priori sur moi que j'ai paniqué.

Il fronça des sourcils alors qu'elle s'empressait d'enfiler sa tenue, honteuse, réalisant l'impact irréversible qu'il y aurait si elle continuait à s'enfoncer.

— Tu as raison. Dit-il enfin d'une voix froide en se levant.

Cet homme était si fascinant qu'elle en tremblait. Elle avait fait l'amour avec lui et ne le regrettait pas. Petite fille rêveuse, Isadora avait longtemps imaginé son futur, seule, dans sa chambre. Ce qu'elle venait de vivre était au-delà de ce qu'elle avait rêvé secrètement. Elle n'oublierait jamais ses lèvres et sa façon de la posséder comme si elle était la dernière femme sur cette terre.

— Pardon Jafar.

Il se retourna pour enfoncer le jet d'encre de ses yeux dans les siens. Elle risquait à tous moment de se faire démasquer. En réalité, Isadora avait tout fait de travers.

— Allons, pas de ça avec moi Isabelle cesse de te comporter ainsi.

— Que veux-tu dire ? Demanda-t-elle en déglutissant douloureusement.

— Comme une femme que tu n'es pas. Si je dois vivre avec toi, je préférerais que tu te comportes normalement. Ne joue pas un rôle avec moi. N'essaye pas d'être ce que tu n'es pas.

Blessée, Isadora le regarda sans ciller.

— Tu veux que je sois cette femme que tu détestes ? C'est ça que tu veux ?

Il secoua négligemment des épaules.

— Oui. Au risque d'être déçu, je préfère savoir avec qui je partage ma vie et mes nuits. Car j'ai l'impression d'être dupé et j'ai horreur de ça.

Le ton sévère de sa voix la fit frissonner.

Mais il avait malheureusement raison. Isabelle ne se serait jamais comportée ainsi et il le savait.

— Et si je veux changer pour toi ?

Un rire sec et sans saveur s'échappa de sa gorge contractée.

— Les gens ne changent pas, où alors c'est par hypocrisie. Je te connais Isabelle j'ai décrypté ta vie. Dans dix ans, peut-être que tu changeras avec l'âge, mais aujourd'hui, tu sais qui tu es et tu sais que je tiens ton destin entre mes mains.

Ces paroles glaçantes n'étaient pas sans la toucher. Même s'il croyait parler à Isabelle il y avait bien un accord passé entre lui et Isabelle et visiblement, elle était la seule à ne pas connaître l'envers du décor.

— Te faire l'amour a été la meilleure expérience de ma vie. Je n'avais jamais ressenti une telle puissance.

Isadora inspira tristement en réprimant ses rougeurs. En clair, elle ne pouvait plus être elle sans qu'il ne la soupçonne de faire semblant.

— Mais nous savons tous les deux que nous ne sommes pas faits pour être amoureux pour cause ? Beaucoup d'amants...tu as eu une traînée d'amants et je sais que l'un d'entre eux espère toujours t'avoir. Tôt ou tard, tu me tromperas Isabelle.

Il marqua une pause pour venir enfoncer ses poings dans le matelas. Son regard était noir, assez pour en être pétrifiée.

— Et ce jour-là Isabelle...je te conseille de courir très loin avant que je te retrouve. Déclara ce dernier d'une voix menaçante.

— Et toi ? Jafar ? Combien de maîtresses as-tu eu au cours de ta longue jeunesse de prince ? Questionna-t-elle sèchement.

Il sourit, avec machiavélisme, l'obligeant à soutenir son regard.

— Assez pour reconnaître qu'hier tu étais la plus merveilleuse. Souffla-t-il en effleurant sa joue.

Isadora sentit son cœur se gonfler.

— Mais maintenant je suis marié. Alors ne me pousse pas à prendre une maîtresse. Rajouta-t-il en se redressant, rompant l'instant troublant.

Isadora s'humecta ses lèvres sèches en le regardant partir vers la salle de bains.

— Je suis ici pour contrer ton ennemi ne l'oublie pas.

Il s'arrêta et se retourna avec nonchalance.

— Mustapha n'a besoin de personne pour se tirer des balles dans le pied tout seul. C'est un jeune homme qui ne sait même pas comment tenir une arme. Déjà cinq de ses hommes sont venus implorer mon pardon.

Isadora serra les draps autour d'elle avec la sensation désagréable d'être encore nue.

— Notre mariage est une alliance stratégique pour nos deux pays. Quant à Mustapha, bientôt il me suppliera de l'épargner. Dit-il avec une détermination qui ne souffrait d'aucune repartie.

Isadora détourna le regard, sans un mot.

— En attendant, Isabelle, tâche de rester loin de mes affaires personnelles. Je suis peut-être un monstre mais je ne veux pas te mettre en danger.

Sur cette dernière recommandation, il s'en alla dans la salle de bains, la laissant seule, démunie, perdue, n'ayant qu'un désir...

Laisser Isabelle reprendre sa place et quitter ce palais au plus vite.

La Mystérieuse épouse du cheikhWhere stories live. Discover now