PROLOGUE • L'ACCIDENT

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8 ANS PLUS TÔT...

— Mais puisque je te dis que je me fous de cette fille !

— Ah oui ? Dans ce cas, tu peux me dire pourquoi elle se frottait contre toi, comme ça devant tout le monde ? Et pourquoi toi, TOI, tu avais les mains sur ses hanches ? Et ne me dis pas que c'était pour la repousser, je bien vu ton sourire.

— Lys... Je t'ai déjà dit que ce qui s'était passé avec Ashley Mills l'autre soir était un gros mal entendu. Elle s'est jetée sur moi et comme j'avais un peu bu, je n'ai pas réagi tout de suite. Pour ce qui est d'après le match de tout à l'heure... On a gagné. C'était l'euphorie du moment, je l'ai prise dans mes bras elle, comme ça aurait pu être n'importe qui d'autre.

Je regardais la route devant moi. Les réverbères de la rue éclairaient l'intérieur de la voiture. Je sentais que Mavy me regardait du coin de l'œil. Oui, je le reconnais. Ma réaction était peut-être démesurée, mais ce n'est pas tous les jours facile de sortir avec Maverick Dawson, l'un des joueurs de l'équipe de basket du lycée. Surtout quand on n'est pas une de ces cruches de pom–pom girl. Non, moi je préfère peindre et dessiner plutôt que de tordre mon pauvre corps dans des formes qui défient l'entendement.

Je n'ai jamais douté de la fidélité de Mavy, ou du moins, jusqu'à la semaine dernière. Ashley Mills. Cette garce. Depuis qu'elle a jeté son dévolu sur MON Mavy, elle me provoquait dès qu'elle en a l'occasion. Ça ne devrait pas m'atteindre, mais c'est plus fort que moi. Elle avait réussi à embrasser mon copain, qui en plus s'était laissé faire le temps d'une seconde avant de la repousser.

Ça allait faire deux ans que l'on était ensemble. Par moments, j'avais peur qu'il se soit lassé de moi, qu'il veuille aller voir ailleurs. On avait déjà fait quelques breaks qui nous ramenaient toujours l'un vers l'autre. Lui et moi, c'était plus que de l'amour ou de l'amitié, on se complétait. Quoi que l'on fasse ou que l'on se dise, on se retrouvait toujours, c'est comme ça.

Je l'entendais soupirer bruyamment. C'est vrai qu'il n'avait rien fait pour autant s'attirer mes foudres. Je décroisais mes bras et me détendais dans mon siège. Il avait un coude posé sur l'accoudoir pendant que son autre main tenait le volant. Je pris celle qui était libre et entrelaçais nous doigts en la posant sur mes genoux. Ses doigts se resserraient autour des miens et je relevais les yeux vers lui. Mon Mavy.

Il regardait fixement la route devant lui. Le muscle de sa mâchoire tressautait, trahissant son agacement. Ses cheveux bruns coupés courts paressaient noirs, comme un reflet de son humeur. Je soupirais à mon tour avant de prendre la parole pour m'excuser de mon comportement.

—   Je suis désolée... J'ai confiance en toi, tu le sais. C'est juste que...

Je n'ai pas eu le temps de terminer ma phrase qu'un bruit sourd de verre brisé et un choc me coupèrent la parole. Je crois avoir entendu Mavy jurer. La ceinture de sécurité se resserrait autour de moi, me coupant le souffle. Je me sentais propulsée sur le côté d'une force telle que je ne pouvais plus bouger. En osant un regard vers ma fenêtre pour comprendre ce qu'il se passait, je ne vis que du noir dans un dernier bruit sourd.

La Beauté du HasardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant