Lawrence m'a secoué par l'épaule pour avoir mon attention. Il m'a pointé quelqu'un à l'autre bout de la pièce. J'ai dû ajuster ma vision pour comprendre que la personne qui suscitait autant son attention était Drew St-John. J'ai lancé un regard chargé d'inquiétude à Lawrence. Tout compte fait, ce n'était peut-être pas une bonne idée de lui demander de venir ici.

— J'aurais dû me douter qu'elle était là, ai-je dit. Je suis désolé.

— Tu ne pouvais pas le savoir, Logan.

— Est-ce que tu comptes aller lui parler ?

Il a poussé un soupir.

— J'en sais rien, a-t-il dit. Pour l'instant, je crois que tout ce qu'il me faut c'est une bière. Tu veux quelque chose ?

J'ai secoué la tête.

— Si je ne reviens pas d'ici quinze minutes, c'est peut-être parce qu'il me fallait quelque chose d'un peu plus fort.

— Si je te vois courir en caleçon dehors, je m'assurerai de mettre fin à cette situation embarrassante, ai-je promis.

— T'es un vrai pote, toi.

Lawrence s'est tranquillement éloigné en direction de la cuisine. Je l'ai regardé disparaître dans la mêlée en regrettant presque de ne pas l'accompagner. Voilà que je me retrouvais seul au sein d'une fête où je ne connaissais quasiment personne.

Je me suis faufilé entre les gens, histoire de ne pas faire tâche dans le décor. Si j'étais pour être à une fête, aussi bien en profiter. Plus les minutes s'écoulaient, plus cette impression étouffante que j'avais semblait se dissiper. Mes oreilles s'habituaient peu à peu à cette musique déplaisante et mon nez avait cessé de se plaindre de l'odeur de marijuana qui embaumait la maison.

Soudainement, des mains m'ont couvert les yeux.

— Devine qui c'est.

J'ai souri.

— Sacha, t'es pas drôle.

Elle a abaissé ses mains. J'ai immédiatement pivoté pour lui faire face. Sacha était bien là, en chair et en os. Elle me souriait, une lueur taquine dans le regard. Je me suis retenu de la serrer contre moi, pris d'une soudaine bouffée de joie.

— Sacha, ai-je dit.

— Logan.

— Tu es là.

Elle a ri.

— T'es perspicace.

— Tu m'as manqué, ai-je lancé.

— On s'est vu hier, Logan.

— Et alors ? Je trouve ça particulièrement débile que ça doive reposer sur le temps. Le manque n'est pas une notion du temps. Quand on s'ennuie de quelqu'un ce n'est pas forcément parce que ça fait un bail qu'on l'a vu. C'est simplement parce qu'on tient à cette personne. L'importance qu'on attache à quelqu'un ne se compte pas en seconde ou en jour, tu sais. Si tu me manques là, tu me manques .

Il y a eu un silence. Puis, son regard s'est attendri.

— Toi aussi, tu m'as manqué.

J'ai souri.

— Qu'est-ce que tu fais là ? m'a-t-elle demandé.

— Cole m'a invité.

— Ah.

— Je lui ai dit qu'on devait bosser sur notre projet d'arts, toi et moi.

Ça l'a faite rire.

La théorie des cactusWhere stories live. Discover now