Chapitre 1

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Sérena

Une nouvelle fois, je me retrouvai dans les bois en train de courir pour ma vie. Haletante et à bout de force, j'enjambai avec difficulté plusieurs corps inertes. Les cris de fureur, le bruit des épées qui s'entrechoquaient ainsi que la magie planant dans l'air me firent immédiatement tourner la tête. Des centaines de surnaturels s'affrontaient. Des corps déchiquetés ou transpercés de part en part jonchaient le sol. L'herbe, autrefois verdoyante, était désormais vermeille dû à la quantité de sang versé. Les larmes me montèrent aux yeux. Ce n'était pas ce que je voulais. Tout ce que je désirais, c'était de mettre un terme à cette guerre...

Tremblante, je posai une main teintée de rouge sur mon ventre rond. Il fallait que je LE retrouve. Que j'arrête toute cette folie. Je me lançai dans la cohue et, usant de ma magie pour me protéger, filai telle une flèche vers l'aura la plus maléfique de la plaine. S'il y avait bien un endroit où IL se trouvait, c'était avec lui. Il ne me fallut que quelques minutes pour l'apercevoir. Mon cœur s'arrêta lorsque je le vis agenouillé, maintenu de force par son père. Puis, avant que je n'aie le temps d'intervenir, ce dernier enfonça sa main dans la poitrine de mon bien-aimé. Un cri d'horreur retentit autour de moi. Le mien.

— Non ! hurlai-je, en accourant vers eux.

Mais il était trop tard. Le corps de mon promis s'affala sur le sol, inanimé. La douleur me transperça instantanément comme une lance en plein cœur. Anéantie, je m'effondrai au milieu du champ de bataille, au milieu d'une guerre que nous étions en train de perdre.

***

Lorsque j'ouvris les yeux, mes joues étaient trempées de larmes et une angoisse me comprimait la poitrine. Le cœur battant à tout rompre, je me redressai en panique. J'essuyai avec la manche de mon pyjama mon front trempé de sueur. Mon regard mit un moment à s'adapter à l'obscurité. Lorsque les ombres commencèrent à apparaître, je soupirai, satisfaite de retrouver l'intérieur de ma chambre.

Fébrile, mais l'esprit beaucoup plus serein, je tendis un bras vers ma lampe. Cependant, j'interrompis mon geste. Si j'allumais maintenant, ma mère se rendrait compte que je n'avais toujours pas réussi à me reposer. Je n'avais aucune envie de l'inquiéter davantage. Je renonçai et me rallongeai. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi, bon sang ?! Pourquoi fallait-il que je fasse sans cesse ce cauchemar digne d'un film d'horreur ?! Étais-je devenue complètement folle à force de rester cloîtrée dans ma chambre à broyer du noir ? Probablement. Quelle autre explication pouvait-il y avoir ?

En repensant aux cris, au sang qui nourrissait la terre et à tous ces corps qui s'entassaient, je frissonnai. Bon, ça suffit ! me réprimandai-je, en me dirigeant vers ma fenêtre. Il était inutile que je me prenne la tête avec ça. Après tout, ce n'était qu'un simple cauchemar. Rien de plus, rien de moins. Savoir ce qu'il représentait ne m'aidera pas à apaiser mon cœur brisé...

Appuyée sur le rebord de la fenêtre, j'accueillis l'air frais avec enthousiasme. J'en avais plus qu'assez de cette odeur de lavande. Je me demandais à quoi cela servait de brûler quotidiennement un bouquet et de le laisser dans la chambre s'il était incapable de faire son job ! N'était-il pas censé calmer mes insomnies et m'aider à dormir pour apaiser ma douleur ? Lançant un regard noir aux fleurs sur ma table de chevet, je finis par céder à l'envie de les jeter par la fenêtre. Ce n'était pas ces foutues plantes qui répareraient ce qu'Ethan avait brisé.

Au bord de la crise de larmes, je m'effondrai à même le sol. L'angoisse ressentie à chaque réveil n'était rien comparée à la souffrance qui gonflait en moi. Deux semaines s'étaient écoulées depuis qu'Ethan m'avait broyé le cœur. Et, plus les heures passaient, plus j'avais l'impression que le couteau qu'il m'avait planté en pleine poitrine s'enfonçait davantage. Une larme roula sur ma joue et je retins un sanglot.

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