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Pdv Louis

Le soleil cogne fort dans le ciel immaculé en cette fin de matinée. C'est tellement agréable. Le printemps reprend peu à peu ses droits sur l'hiver qui a été particulièrement rude cette année. Les arbres bourgeonnent, les premières fleurs tapissent les étendues d'herbes, les oiseaux ne cessent de piailler... j'ai la sensation de revivre en même temps que la nature. J'ai toujours adoré cette période.

Je me trouve actuellement, avec ma famille au grand complet, dans le grand parc national à côté de chez mes parents. Comme chaque année, une immense chasse aux œufs y est organisée pour Pâques et c'est devenu une tradition familiale. Tous les ans, nous nous y rendons pour pique-niquer puis pour participer aux festivités. Même si je n'ai plus vraiment l'âge de fouiller partout pour trouver des sujets en chocolat, je ne me lasse pas d'accompagner ma fratrie.

Voir les plus petits rire aux éclats en se barbouillant le visage de chocolat, voir mes sœurs se courir après en riant pour se voler leur acquisition du jour ou voir nos têtes à tous lorsque nous finissons invariablement trempés à cause de notre légendaire bataille d'eau, ça n'a pas de prix. Je ne manquerais ça pour rien au monde. C'est une façon de fêter le printemps et une occasion de se retrouver tous ensemble, de partager des moments de bonheur uniques et de fabriquer de nouveaux souvenirs.

Alors que je viens de terminer mon repas, je m'allonge dans l'herbe pour digérer un peu et profiter de la caresse du soleil avant que la fête ne commence. Je me détends doucement lorsque j'entends un brouhaha soudain et des éclats de voix autour de moi. Je me redresse pour voir ce qui cause toute cette agitation. Il s'agit d'un couple d'amis de ma mère qui vient d'arriver avec leurs deux enfants qui ont sensiblement mon âge. Je connais Anne et Robin depuis un moment, Anne travaillant avec ma mère comme infirmière dans le même service. J'ai vu une ou deux fois Gemma, leur fille, qui s'entend d'ailleurs très bien avec Lottie et Fizzy, en revanche, c'est la première fois que je rencontre leur fils dont je ne connais même pas le prénom.

Ce qui me frappe, hormis sa beauté presque irréelle, c'est son air fermé et bougon. Ils ont tous le sourire aux lèvres et semblent heureux d'être là, alors que lui ne desserre pas les dents et fait clairement la tête. Je m'approche pour accueillir les nouveaux venus. On me présente à Harry qui n'esquisse même pas l'ombre d'un sourire bien que son regard émeraude traîne un peu plus que ce qu'il ne devrait sur mon corps. Je tente de communiquer un minimum avec lui, mais il m'ignore ostensiblement en tournant la tête. Refroidi, je décide de laisser tomber et de retourner à mon bain de soleil en tentant de ne pas sourire au coup de coude que Gemma vient de lui donner.

C'est dommage qu'il réagisse ainsi, car c'est vraiment un beau garçon. Ses traits sont réguliers et fins, ses yeux d'une couleur unique malgré leur manque d'éclat. Il est grand et fin, ses bras sont recouverts de tatouages, comme les miens, ce qui me fait de l'effet, il faut bien l'avouer. S'il était un peu plus sympa, on aurait pu essayer de créer un lien... bref, pas la peine de me prendre la tête, ça ne changera rien de toute façon et je ne vais pas me gâcher le plaisir d'être là pour lui.

Soupirant, je ferme les yeux et attends tranquillement que la chasse commence. Il ne faut pas longtemps pour que la corne de brume résonne. Je me relève une nouvelle fois en rattrapant in extremis Doris et Ernest par le col pour éviter qu'ils ne se jettent dans la foule et qu'on ne les perde pour de bon. Quand tout le monde est prêt, les paniers en main, je les relâche enfin tandis qu'ils se mettent à courir dans tous les sens. J'essaie au début de les suivre, mais je laisse bien vite tomber. Ils sont trop rapides et je n'ai définitivement pas la foi. Je me contente donc de dégainer mon téléphone pour filmer et prendre des photos de tout le monde.

Après avoir immortalisé des moments aussi hilarants qu'attendrissants, comme Phœbe et Daisy coincées dans un buisson ou Daniel qui a glissé et qui s'est retrouvé les quatre fers en l'air, Lottie les cheveux remplis de feuilles ou encore les jumeaux riant aux éclats, je me pose quelques minutes pour reprendre mon souffle. Alors que je m'adosse à un arbre, j'aperçois quelque chose briller à son pied. Je me baisse et trouve deux gros œufs entourés de papier alu bariolé. Je les récupère avant que mon attention ne soit captée par Fizzy qui vient de se faire littéralement écrasée par Ernest et Doris qui veulent à tout prix lui piquer son lapin en chocolat.

Sans Un Mot (LS)Where stories live. Discover now