Je voyais régulièrement Sacha depuis quelques temps, mais je cachais cette habitude aux yeux de mes amis. Lawrence nous avait aperçu quelques fois ensemble, mais il n'avait rien dit. Il se contentait de me lancer un regard d'avertissement, comme si j'étais un garçon naïf qui risquait de tomber dans la gueule du loup. Ce qui m'effrayait le plus, c'était qu'Olivia le découvre. Même s'il était évident qu'elle suspectait quelque chose, je craignais sa réaction. J'étais mauvais en matière de confrontation. Olivia entrerait probablement dans une colère noire, si elle voyait à quel point j'étais devenu proche de Sacha. Seulement, une partie de moi espérait qu'elle le découvre. J'étais convaincu qu'Olivia avait tort au sujet de Sacha Macleod. Elle ne contrôlait pas ma vie et encore moins mes fréquentations.

— Tu veux parler d'un sujet plus enfantin ? a demandé Sacha.

J'ai dévisagé mon amie.

— La Saint-Valentin !

Elle a ri en apercevant l'expression horrifiée qui se lisait sur mon visage.

— Tu plaisantes, pas vrai ? ai-je demandé.

— Non, je suis sérieuse.

— Sacha Macleod me parle de la fête de l'amour, j'y crois pas ! Où est donc passé cette fille sensée, passionnée par les maths et qui lit des classiques ?

— Tu ne voulais pas parler de trucs d'adultes. C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit.

— L'amour n'est donc pas un truc de grandes personnes ?

Sacha a grimacé.

— Honnêtement, j'en sais rien.

— T'as jamais été amoureuse ? ai-je demandé.

— Non. Enfin, pas à ce que je sache.

— Les papillons dans le ventre, le sourire niais qui te colle aux lèvres quand tu vois cette personne... Non, t'as jamais connu ça ?

Elle a secoué la tête.

— Mais si c'est ça l'amour, alors je passe mon tour, a-t-elle plaisanté.

— Tu ne peux pas dire ça, Sacha. On tombe au moins tous une fois amoureux, non ?

— C'est qui ?

J'ai froncé les sourcils, dérouté par sa question.

— De quoi parles-tu ?

— C'est qui cette fille qui t'a brisé le coeur ?

— Alors là, je ne vois pas de quoi tu parles.

— Joue pas à ce jeu, Logan. Tes grands discours sur l'amour, ça ne vient pas de nulle part.

Soudainement, j'ai jeté un coup d'oeil à la porte de ma chambre, comme si mes parents allaient débarquer à tout moment. Je n'avais pas envie qu'ils entendent cette conversation. Peut-être était-ce de la paranoïa, mais je ne pouvais m'empêcher de regarder la porte, prêt à les voir surgir.

Sacha s'est enfoncée dans mon fauteuil, ses yeux rivés contre les miens. Je me suis dit que maintenant que le sujet était abordé, il était impossible de faire marche arrière.

— Est-ce que je la connais ?

— Non ! ai-je mentis. Non, tu ne la connais pas.

Mon amie a plissé les yeux, peu convaincue par ma réponse. Elle n'était pas stupide et moi, je faisais un bien piètre menteur. Tous les deux, nous étions un très mauvais duo. Et puis, comment lui dire que sa meilleure amie était secrètement mon ex-petite amie ? Je me voyais mal lui révéler que Pénélope Brown avait été ma copine pendant sept mois jusqu'à ce qu'elle me laisse tomber pour devenir populaire. Elle n'avait probablement jamais parlé de moi à ses nouveaux amis, y compris à Sacha. En vérité, je n'étais qu'un bagage embarrassant que Pénélope s'efforçait de dissimuler.

La théorie des cactusWhere stories live. Discover now