Sur les murs qui nous entouraient, on y retrouvait de nombreuses photos de famille. Certaines étaient de Sacha étant plus jeunes, parfois bébé, et d'autres présentaient les parents de celle-ci, affalés sur le bord de la plage, probablement prisent au cours d'un voyage. Je me suis attardé sur chaque cliché, fasciné par ce que ça laissait paraître. Plus je m'enfonçais dans sa maison, plus j'avais dans l'idée que Sacha était l'exemple même de la petite fille modèle à la famille parfaite, jouant les rebelles de temps en temps pour se divertir. Seulement, je n'étais pas complètement con. Sacha n'était pas rien que ça. Elle avait une certaine profondeur, entourée de tous ses mystères. Les photos cachaient des choses et il était impossible d'en dire autrement. Un sourire devant la caméra, et hop ! tu aurais l'air d'être une personne heureuse qui ne connaissait pas les problèmes.

Sacha a dû remarquer que j'étais bien absorbé par mes pensées, car elle s'est arrêtée de marcher.

— À quoi tu penses ?

— À rien, ai-je répondu.

— Tu sais bien que c'est impossible.

— Tu as raison. Il n'y a que Cole Stevens pour accomplir cet exploit.

Elle m'a donné une tape sur le bras, mais n'a pas été capable de camoufler son sourire.

— Je croyais que tu étais un bon gars, celui qui est trop gentil pour insulter qui que ce soit.

— Je suis un bon gars ! me suis-je défendu. La preuve, j'ai réussi à te faire sourire.

Sacha n'a rien répondu, mais son sourire s'est agrandi. J'ai souri à mon tour, fier de ma repartie. Un moment de silence s'est installé par la suite, durant lequel nous nous sommes remis en marche. J'ai observé de nouveau quelques photos, essayant d'analyser chacune d'entre elles. Malheureusement le rythme de Sacha était beaucoup plus rapide que le mien et je devais me concentrer pour ne pas la perdre de vue.

— En fait, je pensais à toutes ces photos, ai-je admis. Elles sont jolies.

— C'est ce genre de truc que tu aimes photographier ?

— Non, pas vraiment. Je préfère le véritable.

Elle a arqué un sourcil dans ma direction.

— C'est-à-dire ?

— J'ai toujours trouvé que les photos de famille cachaient des trucs.

— La vérité, peut-être ?

J'ai souri.

— C'est vrai, a-t-elle ajouté. Ça empeste l'hypocrisie.

— Alors, pourquoi poursuit-on la tradition ?

— Parce que maman a envie d'avoir fière allure devant sa bande de copines qui viennent le jeudi soir pour déguster un bon verre de chardonnay. Comme ça, elle peut prétendre qu'elle a réussi dans la vie et qu'elle n'est pas simplement bonne à faire l'arbre au yoga.

— Ça sent le vécu, ai-je fait remarquer. C'est comme ça que tu perçois ta mère ?

— Non, ma mère est une personne géniale. Elle fait des brownies le samedi.

J'ai ri.

Nous nous sommes avancés devant une porte. Sans tarder, Sacha l'a ouverte pour me faire découvrir un espace modeste qui devait être sa chambre. J'ai été surpris de constater que c'était bien petit comparé à l'immensité de sa maison. C'était un peu comme si Sacha avait volontairement choisi d'avoir cette chambre, malgré toutes les pièces spacieuses qu'il devait y avoir dans cette demeure. Je n'ai pas fait de commentaires à ce sujet, me contentant de détailler la pièce. J'ai posé le pied à l'intérieur, sous le regard attentif de Sacha. La chambre était peinte d'un doux vert olive et d'un peu de blanc. La première chose qui m'a frappé était la quantité impressionnante de cactus qui décorait la pièce. Ils avaient tous une forme différente et étaient entreposés un peu partout sur les étagères et sur les meubles. De petites lumières blanches pendaient autour de son lit et une carte du monde se dressait sur l'un des murs. Sur l'une des façades était appuyée une immense bibliothèque contenant des dizaines et des dizaines de livres. Quand Sacha avait avoué aimer lire, je ne me doutais pas que c'était à ce point. Et pourtant, sa bibliothèque dominait la pièce en remplissant un mur complet. Si l'espace était quelque peu restreint, la bibliothèque ne semblait pourtant pas gêner l'endroit.

La théorie des cactusDonde viven las historias. Descúbrelo ahora