Bonus gratuit

Depuis le début
                                    

La première fois que j'ai fugué et que je me suis planqué dans le gymnase de l'école pour dormir, elle m'a retrouvé.

Pourtant, contrairement aux autres familles chez qui j'ai vécu, elle n'a pas hurlé quand on est rentrés. Elle n'a pas levé la main, ni le pied d'ailleurs. Elle ne m'a pas cassé les côtes, elle. Je n'ai pas pris de dérouillée.

Non. Elle m'a obligé à prendre un bain. Après, elle a fait du chocolat chaud. Elle n'a pas voulu que je boive du café alors que c'est ce que je préfère. Elle dit que je suis trop jeune. Mais elle a quand même fait du chocolat avec de la crème fouettée par-dessus.

Tout ça, alors que j'avais passé trois jours dehors et qu'elle avait rameuté la ville entière pour mettre me retrouver.

On aurait dit qu'elle avait eu... peur.

Pas cette fois. Cette fois, elle me fixe vraiment trop sévèrement.

Ça veut dire des emmerdes à gogo si elle me chope.

— Casse-toi de là, vieille peau ! hurle encore Ash en lui lançant un caillou qu'il vient de ramasser dans la poussière.

Le projectile atteint de plein fouet le capot de la voiture.

« Madame la bourgeoise » se retourne pour constater les dégâts en fronçant encore plus les sourcils.

Prends ça, salle tarée !

Je cligne des yeux sous le soleil, en tremblant légèrement.

Je cours vite. Mais peut-être pas assez.

Une fine pellicule de sueur commence à me couvrir la peau.

Et si les flics venaient me chercher et qu'elle m'enfermait dans sa baraque de merde ?

C'est tellement grand chez elle que même si je hurlais à m'en arracher la gorge, personne ne pourrait m'entendre.

Venu de je ne sais où, une autre bagnole s'arrête à la hauteur de la sienne.

Un 4X4 noir.

Je me relève de la rampe en béton du skate park sur laquelle on est assis.

Ash a blêmi.

Putain, lui aussi a chaud d'un coup !

Une goutte de transpiration s'écoule de son front. Il l'essuie du revers de sa main avant qu'elle n'atteigne son œil. Ses cheveux trop longs lui collent à la peau.

— Merde...

— Qui c'est ? je demande en prenant mon sac, prêt à fuir à toute jambe.

— Mon père..., souffle-t-il, la voix tremblante.

Je me retourne vivement vers lui et constate la pâleur de son visage.

Il pourrait presque concurrencer un mort !

Quoi ? Son vieux le fait flipper à ce point ?

À sa place, je me serais cassé depuis longtemps.

Depuis deux jours, l'énorme hématome qu'il a sur la joue commence à s'estomper.

Je reporte mon attention sur l'énorme type boudiné dans sa chemise à carreaux rouges et noirs.

Il descend de son 4X4 en pointant son doigt en direction de son fils.

Je connais bien ce genre de mecs.

Il ressemble comme deux gouttes d'eau aux matons du centre de détention qui enculent les plus jeunes qui ne savent pas se défendre. Un gros queutard, avec la bedaine qui ressort et la barbe mal rasée.

Les Anges - ( à retrouver sur Amazon( +Kindle) et sur Fnac (+Kobo) )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant