Andreï a étrangement été le premier à affirmer cette promesse. Ça m'a un peu étonnée de sa part mais je n'y faisais pas vraiment attention car je n'ai pas cessé d'être surprise depuis que l'activité avait commencé. D'une certaine manière, c'était normal vu que tous les secrets révélés étaient enfuis dans les entrailles de chacun depuis plusieurs années déjà.

J'ai essayé de me reconcentrer sur moi-même au lieu de perdre mes pensées sur des constatations aussi minimes que celles-là. Ça n'a pas été aussi facile que ce que j'espérais mais après plusieurs secondes, je suis parvenue à remettre mes pensées en place.

   -Tu sembles vraiment inquiète, Nyl, a commenté Cassandre. Tu dois penser que j'ai facile à dire cela vu que je suis déjà passée et tu as certainement raison mais sache que tu peux avoir confiance en nous.

   -Oui, elle a raison, nous sommes tous les six au même niveau, a repris Andreï. Et je pense qu'aucun de nous ne veut que son secret soit révélé à tous les autres élèves de terminale, alors personne ne va rien dire.

Ces mots m'ont amplement convaincue. Il avait raison dans le fond, Andreï. Si l'un de nous osait raconter l'un des secrets dits dans le courant de cette matinée, il y avait de nombreuses chances pour que le sien quitte aussi cette table et arrive aux oreilles de toute l'école.
Il y avait donc très peu de raisons pour qu'il y ait des fuites suite à cette activité, alors j'ai repris confiance en moi.

   -Vas-y, Nyl, n'aie pas peur, m'a gentiment encouragée une dernière fois Rupert.

   -Oui... euh, ai-je hésité.

Adélaïde a posé sa grande main sur mon avant-bras et m'a envoyé un magnifique sourire comme pour m'amadouer, me faire parler. C'était probablement la technique qu'elle utilisait lorsqu'un garçon ne la laissait pas indifférente et qu'elle voulait arriver à ses fins avec lui et je comprenais facilement la raison pour laquelle ça fonctionnait: ses yeux étaient si bleus que l'on avait l'impression de se faire capturer l'âme et d'être tout de suite après à sa merci.

   -Je suis séropositive, ai-je soudainement lâché.

Évidemment, ces trois mots ont rendu l'atmosphère tendue et plus aucun son n'a été émis avant deux bonnes minutes.
Je me suis sentie affreusement stupide d'avoir dévoilé un secret si honteux et si difficile à porter à ces personnes dont je ne connaissais rien si ce n'était le prénom et l'âge.

J'ai cru que j'allais me mettre à pleurer. C'était bête de réagir de cette manière mais ce mot m'a toujours fait cet effet dès que j'ose le prononcer à haute voix.

   -Ne pleure pas, s'il te plaît, Nyl, m'a demandé Rupert d'un regard adorable.

Je ne sais pas s'il était sincère ou s'il se payait secrètement ma tête car j'étais incapable de lire ce qu'il ressentait sur son visage- habituellement, je parviens à faire cela avec une facilité enfantine- mais il paraissait s'inquiéter pour mon état et cela m'a tellement touché. Je lui ai donc envoyé un petit sourire sincère pour le remercier de cela.
Ce n'était peut-être pas grand chose mais ça m'avait fait plaisir et j'avais donc besoin de le lui faire comprendre.

   -C'est difficile d'aborder ce sujet de conversation lorsque vous en êtes touchés, vous savez, ai-je continué.

Adélaïde a confirmé mes paroles, comme si elle savait ce que cette maladie était. Enfin, elle le savait mais elle ne l'avait pas, je crois alors elle ne savait pas ce que ça faisait de devoir la ressentir, de la porter, de l'assumer. De vivre avec la frayeur de la donner à quelqu'un et surtout d'avoir des chances de mourir avec un simple rhume.

   -C'est la chose la plus handicapante de ma vie, ai-je expliqué. Elle ne quitte jamais mon esprit. Quoi que je fasse, elle est là, dans un coin de mon esprit. J'ai toujours peur d'attraper une maladie et qu'à cause du fait que j'aie le SIDA, elle me mette au tapis.

Deuxième tournéeWhere stories live. Discover now