On passait des heures de silences, car il y a des choses que les mots ne disent pas.

Des choses que les gestes ne prouvent pas.
Des choses que même les yeux ne montre pas.
Les gens nous regardaient, nous prenaient pour des fous.
Deux gars assis, regardant dans le vide.
Rien à voir avec les blancs gênant, pesant.
C'est dans un de ces moments de silence que t'es parti.
Ton corps, en sang, sur le sol.
Toujours pas nettoyé, il marque les murs du hall.
Ces tags, ces écritures aux marqueurs, nos noms, nos délires, qu'ont a passé des heures à graver.
Par peur de s'oublier, d'être oublié.
Comment passer à côté de toutes ces années?
Toutes ces années passées à rigoler, se conseiller et parler.
Quand j'ai entendu la balle, j'ai regretté les cris, regretté les embrouilles de gamins, regretté les coups.
T'étais un des rares qui m'écoutait jusqu'au bout.
Ma main sur le mur, posé sur les escaliers. Ma bouteille à côté que j'ai vidé.
Je parle pas, comme à l'ancienne.
Je pleure comme un chien ces moments passés.
Dans mon coeur t'es gravé.
Je t'aime, comme un frère.
Tu nous a laissé dans une sacré galère.
Ta mère et ta soeur, les deux femmes les plus belles, plus d'appuis, plus de repère.
Je n'ose même plus aller les voir.
Je te vois dans leurs yeux.
Je veux pas affronter leurs larmes, leurs cernes.
Je veux pas lire ton nom d'famille sur la porte comme je venais toquer à l'ancienne, pour qu'on se partage un grec...
Jsuis fou depuis que t'es parti.
J'aurais donné ma vie.
Moi au moins, j'aurais juste laissé un appart' triste...

Au clair de ma plumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant