-- Chapitre 1 - réécrit

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Au fond d'une alcôve aménagée sous les fondations du MainHall, le mur à la surface aussi lisse que du verre comporte un orifice cerclé de métal finement ciselé. Elle retire sa main bionique de son bras restant et y glisse son moignon tatoué. Des radiations mauves et vertes s'échappent de l'orifice durant quelques secondes et un cliquetis résonne dans les galeries souterraines. Les contours d'une porte se dessinent rapidement avant qu'elle s'ouvre sans bruit en glissant lentement dans une encoche du mur.


* * *


A l'extérieur, la tempête fait rage. La voûte céleste teintée de multiples variations de bleu et de rouge est déchirée par les éclairs qui semblent danser en rythme pour produire une symphonie de tonnerres, frappant les immeubles qui osent tutoyer les hauteurs froides et acides de la planète de trop près. Plus puissant que tous les autres réunis, un des éclairs frappe la flèche de l'immeuble d'en face. La lumière aveuglante transperce ses paupières et l'aveugle quelques secondes. Seul lui parvient le bruit assourdissant de la pluie de méthane qui s'abat sur les lames inclinées des volets. Cette nuit-là, Simon ne parvient pas à trouver le sommeil.



Le réveil fini par sonner. Simon sursaute et se dresse brusquement au son de la délivrance. Un regard furtif vers l'appareil lui indique quatre heures du matin. La tête lui tourne. Boire autant de mauvais whisky avant de se coucher est vraiment la pire des idées qu'il ait eu la veille !... Près de lui, sa femme dort paisiblement malgré le terrible jeu de sons et lumières à l'extérieur. Son visage détendu aux lignes à la fois rondes et fines lui apporte du calme et du réconfort. Enfin un peu de répit, se dit-il. Simon ne peut malheureusement pas s'éterniser et doit se presser d'aller au travail s'il ne veut pas affronter l'Ours et ses interminables sermons. Cette épreuve aurait été une formalité s'il n'avait pas passé toute une nuit à écouter le concert tempétueux de l'orage et de la pluie, mais pas ce matin.



Une fois le tournis évaporé, Simon se sent capable de se lever sans danger. Il s'assoit sur le bord du lit, prend lentement et machinalement sa montre, son téléphone, son insigne et son arme de service qu'il a posé la veille sur sa table de chevet. Tel une machine qui se repère à son radar, il se lève lentement et se dirige vers la pièce principale de son duplex pour prendre deux ou trois cafés. Heureusement que son fidèle HAL2001 -HAL, comme il le surnomme- est là pour lui fournir son carburant matinal ! Rien de tel qu'un bon cappuccino pour se réveiller en douceur.



Simon s'assoit au comptoir de la cuisine et tandis que l'androïde s'affaire à préparer le petit-déjeuner, l'écran télé s'allume sur la chaîne météo. Oh les bougres ! Ils prévoient encore deux semaines de tempête ! Maintenant les informations. Le présentateur paré d'une coiffure des plus ridicules annonce comme un robot une prochaine augmentation des taxes sur l'oxygène. Et encore une augmentation... Certains n'ont rien d'autre à faire que de se remplir les poches... Les images montrent ensuite quelques politiques tenter de vaines explications à cette hausse. Simon n'y prête plus attention et les assimile à du bruit de fond. Un jus d'orange fraîchement pressé et un croissant chaud à point lui sont servis. Le présentateur continue de débiter les nouvelles matinales comme une stupide machine et Simon se lève vers la salle de bain pour se laver en se demandant si le présentateur est plus proche de l'humain ou de HAL.

Convergence [en réécriture]Where stories live. Discover now