Six adolescents du lycée Blaise Cendrars entourent la même table.
Ils n'ont, en l'occurrence, rien à se dire jusqu'à ce que Monsieur Lefebvre demande à chacun d'eux de raconter aux étudiants assis à leur côté, leur plus grand secret.
Le temps d'une...
Mon secret à moi? Hé bien, je ne sais pas vraiment... Je dirai que c'est ma relation avec mon épouse. Je ne suis pas amoureux de cette femme et ne l'ai jamais été. Elle non plus, elle ne m'aime pas. Nous avons un peu d'affection l'un envers l'autre mais rien de plus. C'était comme si j'avais marié ma camarade de classe. Je ne suis pas forcément content de vivre ma vie avec elle sans pour autant en être déçu. C'est quelqu'un de bien mais peut-être aurions-nous pu vivre chacun avec quelqu'un de différent qui nous aurait complété davantage. Si nos parents ne s'étaient pas arrangés uniquement pour l'argent, j'aurais peut-être vécu une vie entière avec un être que j'aimais de toute ma personne.
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Je suis professeur de géographie dans le lycée Blaise Cendrars depuis près de vingt et depuis tout ce temps, je ne cesse d'entendre des critiques dans les couloirs. Certains jugent cette fille parce qu'elle est grosse sans savoir qu'elle a des problèmes énormes dans sa famille et que cela la fait grossir à vue d'oeil. Il y avait un garçon qui portait toujours un bonnet rose et des bracelets féminins. Les étudiants lui répétaient à longueur de journées que c'était "une petite pédale" alors que le gamin avait perdu sa soeur jumelle deux ans plus tôt et voulait toujours garder un souvenir d'elle sur lui. Toutes ces critiques me rendaient malade de rage. Personne ne sait rien sur personne alors j'ai décidé de faire cette activité. C'était affreusement périlleux de ma part. Je me rendais bien compte qu'il y avait énormément de chances pour que l'on m'envoie sur les roses mais j'ai essayé et en déambulant entre les tables, je me suis rendu compte que des choses folles se produisaient. Surtout entre les personnes ayant des problèmes ensemble et que j'avais rassemblés expressément pour qu'elles discutent.
III) Sulivan:
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Non, sincèrement non. J'ai pensé à tout ce qu'ils m'avaient dit tout le reste de terminale. J'avais trouvé leurs discours poignants et affreux pour certains. Je leur souriais dans le couloir après cette activité et leur ai même payé un verre à chacun lors de la soirée de l'école mais n'ai pas pensé à eux pendant les seize années. Je pense avoir pensé à eux qu'après dix ans, en me rappelant des paroles de Lefebvre, qui avait voulu que ça soit l'année d'un rassemblement. Mais au sinon, je n'ai pas vraiment pensé à eux, sans pour autant oublié leur présence et leurs histoires.
