Jour 0

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J'ai mal, les larmes et les gouttes froides glacent mes joues brûlantes. Tu me regardes d'un air désolé. Mon cœur se serre et je veux parler, hurler, au moins émettre un son. Je veux, mais rien. Tes pas t'éloignent de moi, de nous. C'est trop, trop dur, trop injuste. Mes jambes me lâchent et je me retrouve assise sous la pluie. J'aimais cette atmosphère avec toi, mais seule je la maudits. Tes mots incisives résonnent dans tout mon être. Ma voix sort enfin en un long cri déchiré. Déchiré comme moi, comme mon cœur. Démunie sans toi j'ère. Âme en peine au milieu des gens pressés. Ils me bousculent et je ne réagis pas. Ils m'insultent et je ne réagis pas. Ils me dévisagent et je ne réagis pas. J'avance comme guidée par mon chagrin. Mes pieds suivent la ligne invisible de ma douleur. Inconsciente, je suis chez moi. Inconsciente, je me dévêtit. Inconsciente, je me glisse dans un bain chaud. Chaud, mais pas assez. Brûlant, mais pas assez. Douloureux, mais pas assez. Rien n'efface la douleur dans mon être. Rien ne calme la tempête dans ma tête. Fermes les yeux et tu seras heureuse. Tu me l'avais dit. Et c'est faux maintenant. Si je ferme les yeux je te vois. Et je ne suis pas heureuse. Si je ferme les yeux tu n'es pas partie. Et je ne suis pas heureuse. Parce que je ne crois pas aux illusions et tu le sais. Parce que je n'aime pas les mensonges et tu le sais. Parce que tu es partie et je le sais. La nuit noire et mes draps de soie ne me calment pas. Le silence n'existe pas dans la ville. Et le bruit me ramène à toi. À nos scénarios à dormir debout. À nos nuits blanches. À nos grasses mat'. Nos après-midi d'ennui. Tes doigts sur mes hanches. Tes lèvres dans mon cou. Tout ce qui est maintenant fini. Maintenant trop douloureux. Et même mes plats préférés ne me donnent plus faim. Et même ma télé ne me donne plus envie. Et même mon lit ne me donne plus sommeil. Et ces quelques photos sur mon mur me donnent envie de tout casser. C'est la seule chose dont j'ai encore envie. Détruire. Détruire comme tu m'as détruite. Déchirer le papier témoin de notre bonheur. Brûler les draps témoins de notre passion. Je veux disparaître pour ne plus faire face au manque. Et quand des jours après je n'ai toujours pas bouger de mon canapé. Et quand des jours après je n'ai toujours pas mangé. Et quand des jours après je n'ai pas cessé de pleurer je repense encore à toi. Faible et abandonnée j'ai renoncé. Renoncé à l'amour. Renoncé à l'espoir. J'ai arrêté d'attendre le temps. Et dans ma tête je cours un marathon. Et mon corps ne suit pas. Et dans mon cœur je chante ma peine. Et mon corps ne suit pas. La sonnerie de mon téléphone s'élève. Et mes doigts l'attrapent. Je décroche comme une machine rouillée. Et ta voix coupée de larmes me sort de ma léthargie.
"Tu me manques, je suis désolée."

And If ou quelques points d'arc-en-cielOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz