Hors-la-loi, tome 1 : Vaughn [AUTO-PUBLIÉ, 10% de lecture gratuite ici]

2.2 : Sursaut

Le temps qu'elle s'occupe des bêtes, le ciel était couvert de nuages lourds de pluie.

Elle se dépêcha de puiser de l'eau, dans laquelle elle nettoya la terre qui maculait ses doigts, puis remplit une bassine qu'elle ramena dans la cabane.

Le vent se déchaînait maintenant avec force, et le battant claqua comme un coup de tonnerre.

L'homme tressaillit et s'assit instantanément sur la couche, sa main s'ingéniant à saisir le Colt qu'il n'avait plus.

Cassie lâcha aussitôt la bassine qui déborda sur le plancher, et accourut vers lui. Malgré ses prunelles posées sur elle, il ne paraissait pas avoir conscience de sa présence.

La pluie crépitait sur le toit de la baraque.

L'homme regarda sa paume bandée, sa hanche où il n'y avait plus d'arme. Il semblait perdu.

La jeune femme posa les mains sur ses épaules pour le rassurer, mais d'une violente saccade, il la heurta de son bras valide. La jeune femme valdingua contre le rebord du lit.

Le choc la laissa étourdie. Il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre ses esprits. Elle porta les doigts à sa tempe douloureuse qui avait cogné le montant de bois.

Derrière elle, elle perçut de l'agitation et tourna la tête avec précaution. L'homme essayait de se relever.

En dépit des risques, elle le retint.

— Non, non, il ne faut pas ! C'est trop tôt !

Toujours au sol, les paumes sur sa poitrine, elle le repoussa sur le matelas. Mais il agrippa ses poignets et la refoula sans ménagement. Il inspectait partout autour de lui, en proie à une vive émotion. Lorsque ses yeux tombèrent sur ses pistolets, posés sur la table en bois de la cuisine, ses pensées ne furent en proie qu'à un unique but : les prendre.

Cassie suivit son regard et pâlit. S'il s'emparait de ses armes, il redevenait dangereux.

Alors qu'il se redressait, elle frappa sa cuisse blessée. Il poussa un cri et s'écroula. Lorsque ses prunelles se braquèrent sur elle, la jeune femme s'affola. Elle recula, mais il était rapide. Il empoigna sa gorge et la comprima.

Cassie écarquilla des yeux désespérés.

— Arrêtez, suffoqua-t-elle.

Elle se débattit et tenta de le repousser. Ses doigts glissèrent sur sa poitrine couverte de sueur.

Son visage était rougi par la fièvre et transpirant.

Lorsque des points noirs commencèrent à apparaître devant ses pupilles, elle frappa là où il avait le plus mal : sa main.

Elle agrippa celle-ci et serra de toutes ses forces. Il la relâcha aussitôt pour s'effondrer sur le lit, alors qu'une plainte sourde s'échappait de ses lèvres. Il se recroquevilla sur lui-même, le corps agité de frissons incontrôlables.

Cassie s'était repliée derrière le fauteuil et le guettait, inquiète, les paumes pressées autour son cou. D'atroces élancements lacéraient sa gorge.

Ils se fixèrent en chiens de faïence, haletants tous les deux. Le temps resta suspendu, oppressant. Puis l'homme baissa enfin les paupières et retomba dans un engourdissement chaotique.