PARTIE 16

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Janvier 633

Plus le temps passe, plus Arved va mal. Il n'avait pas le droit de tuer Srent. Pas dans ces conditions-là. Alors, depuis deux ans, Guadrevin l'a enfermé pour lui faire comprendre ses erreurs. J'ai cru que le petit allait mourir dans les cachots.

Mais, il vient de sortir.

Son visage n'a plus aucune émotion.

Que diable lui as-tu fait, Guadrevin ?

Mars 633

Je ne sais pas si tu te souviens de Fyrente, l'ancienne femme de mon amoureux. Elle était partie sans son enfant, né dans les cachots. J'ai repensé à lui, suite à la mésaventure d'Arved.

Je me suis renseigné, mais ce n'était guère simple. Ce type d'information reste assez privé. Gaya ne voulait pas m'en parler. J'ai dû interroger tous ceux qui ont connu Fyrente.

Mais je l'ai trouvé.

Il est dans les cachots. Depuis tout ce temps.

Encore en vie, il ne ressemble plus à un Elfe. Son corps décharné est couvert d'ecchymoses. Ses yeux sont devenus aveugles. Ses bras sont si fins qu'ils ressemblent à des brindilles.

J'ai tenté de lui parler, mais il ne comprend pas.

Je pense qu'il n'a jamais appris le langage.

Il grogne. Il soupire.

Il regarde dans le vide.

Bon sang.

Avril 633

Je suis resté avec lui dans les cachots tout le temps que je pouvais.

J'ai tenté de le laver et de le soigner. Il se laisse faire. Il n'a pas le moindre geste de frayeur. Je crois qu'il ne connaît plus la peur. Parce qu'il la vit au quotidien.

Guadrevin est venu, au bout de quelques jours. Il était étonné de me voir prendre soin du petit. Il m'a fixé d'un regard vide pendant quelques secondes, avant de faire demi-tour.

Je ne me demande pas ce qu'il avait prévu de lui faire.

Il avait un fouet à la main.

Juin 633

Finalement le petit ne se remettra pas totalement de ses blessures. Je voulais l'emmener à Dynia, mais elle m'affirme qu'elle ne peut soigner des Elfes. Et Ekhlat ne peut pas soigner les vivants.

Bref, le petit souffrira toute sa vie.

J'ai réussi à le faire sortir. Je pense que Guadrevin se fiche de ce que je fais de lui. Il a d'autres souffre-douleur enfermés.

Celui-là ne doit plus l'amuser. Il ne pleure plus.

Août 633

J'ai emmené le petit jusque chez moi. Je me demande comment il aurait réagi, s'il avait pu voir la lumière du jour.

S'il avait pu voir notre beau ciel bleu.

Ses yeux restent vides.

Septembre 633

Il ne peut pas marcher. Sa jambe reste tordue bizarrement. C'est de naissance.

Alors il reste assis, sur un tas de paille. Il attend.

Je ne sais pas quoi faire de lui.

Les autres me disent de le tuer. Je ne peux pas.

Octobre 633

Le Journal de l'Âme - L'histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant