- Chapitre 15 -

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PDV Julia:

Je venais de déposer mon plateau. Aujourd'hui, je suis dans le service pour le dîner de ce soir. Il y aura du boeuf avec des courgettes. Même si je ne suis pas très bonne cuisinière, je m'efforce à faire de mon mieux pour que les courgettes ne crament pas et pour que le boeuf soit assez cuit. Mon truc c'est la mécanique. Mais pour l'instant, tout va très bien sur ce bateau. D'un côté, c'est un bon point mais je m'ennuie...
Les paroles de Luc tournaient en boucle dans ma tête. Est-ce qu'il disait vrai à propos de ce qu'il c'était passé cette nuit-là ? Et, même si c'était vrai, pourquoi Delphine m'aurait-elle infligée ça ? Mon père y est-il pour quelque chose ? Et pourquoi elle est revenue sur le bateau ? Elle a dû monter pendant que l'engin était à l'arrêt. Peut-être que mon père l'avait invité. Peut-être qu'il va faire la même chose à Addison... À cette pensée, mon sang ce glaça. Il pourrait faire ça à sa propre fille ? Il faudrait que je tire des infos en interrogeant Delphine. Cette fois, c'est moi qui tiendrai les rennes.
En attendant, Addison s'avançait dans ma direction.

"Julia, on peut parler" me demanda-t-elle.

"Euh... Oui. Viens" lui dis-je en l'entraînant avec moi.

Nous sortîmes du self et rentrâmes dans les vestiaires en vérifiant bien que personne n'y était déjà.

"Écoute" commença-t-elle. "Je... J'ai l'impression que tu m'évites, ce que je peux comprendre, avec ce qui c'est passé. Mais, en même temps, toi et Luc vous..."

"On s'est séparé" la coupai-je.

Elle resta perplexe quelques secondes.

"Pourquoi ça" tenta-t-elle finalement.

"On voulait prendre du recul sur notre relation parce qu'on ne s'entend pas bien en ce moment" mentis-je.

Je ne voulais pas la mettre dans cette histoire pour la laisser hors de danger. Elle ne devait pas apprendre ce qu'il c'était passé avec Delphine. Je ne voulais pas lui faire peur.

"Ah bon. Et tu crois que ça va aller ? Je veux dire, tu vas bien ? Ça te fais de la peine j'imagine."

"Un peu mais je commençais déjà à ne plus avoir de sentiments pour lui."

"Ah d'accord" fit-elle simplement.

PDV Addison:

Nous restâmes sans rien dire quelque temps. J'avais envie de la prendre dans mes bras mais je n'osais pas. Finalement, nous partîmes des vestiaires après ce petit entretien et allâmes à la cafétéria. Mais soudain, Julia s'arrêta net. Elle était devenue pâle. J'essayai de regarder là où son regard bloquait... mais je ne trouvait rien d'anormal. Elle s'avança à pas lent vers la machine à café et examinait la femme brune à ses côtés.

"Tiens ! Bonjour Julia. Ça fait longtemps, dis-moi... Plus de deux ans ?"

Elle ne dit rien, pétrifiée. Je crus un instant qu'elle allait s'évanouir.

"Allons..." insista la femme. "Tu ne me présente pas ta camarade ?"

Voyant que ma voisine ne réagissait toujours pas, je me lançai.

"Enchantée, Addison."

"La fille du Général ! Mais bien entendu. Moi c'est Delphine."

"Qu'est-ce que vous faites là" questionna enfin Julia, sèchement.

"Bah, tu n'es pas contente de me voir ?"

Sa pâleur avait viré au rouge. Elle devait beaucoup en vouloir à cette femme pour réagir ainsi. La blonde prit la brune aux lunettes rondes par le bras et l'entraîna dans la salle d'à côté. Je ne pouvait entendre ce qu'elles disaient mais parfois, une des deux haussait la voix. Et puis, d'un seul coup, plus un bruit. Le néant. Je m'approchai de l'endroit où elles s'étaient réfugiés et ouvrit la porte. Julia était assise sur un siège, le regard vide. Une larme roulait sur sa joue. L'autre femme n'était plus là.

"Julia ?"

Elle me vit, son regard croisa le mien et tout un tas d'émotions jaillirent par ce simple mouvement: de la culpabilité, de l'amour, de la tristesse... mais par-dessus tout, de la haine.
En une fraction de seconde, elle se jeta sur moi, ses mains pressant mon cou. Je ne pus sortir qu'un petit cri avant que ma vue devienne floue, entourée de nombreuses étoiles blanches. J'essayais de me débattre, en vain. C'était peine perdue. Je commençai à sombrer dans un sommeil profond quand soudain, une bouffée d'air m'imprégna les narines. Ma vue reconnue petit à petit chaque détail de la pièce, dont Delphine qui calmait Julia. Mais j'étais trop faible pour me relever et avais la gorge trop endommagée pour pouvoir ne serait-ce que sortir un seul mot d'entre mes lèvres. Alors je me laissais emporter par ce sommeil paisible.

PDV Julia:

Lorsque je repris mes esprits, toutes les images me revinrent. Absolument toutes. Ce qui c'était passé à l'instant comme ce qui c'était passé il y a deux ans. La garce ! C'est sa faute et uniquement sa faute si j'ai fait du mal à Addison. Encore avec sa seringue à deux balles. Addison... Qu'est-ce que j'ai fait ? Je courus dans tout le bateau, pleurant et insultant la pétasse qui me faisait devenir une autre personne. J'arrivai devant la porte de l'infirmerie et entrai sans avertir. Sur un lit était allongée une fille brune aux cheveux long avec une minerve. C'était horrible à voir. Soudain, elle ouvrit les yeux et paniqua en me voyant.

"Tout va bien" essayai-je de la rassurer.

"Qu'est-ce que tu fais là Julia" s'écria l'infirmière. "Sort d'ici immédiatement !"

Mais je ne bougeai pas, m'apitoyant sur mon sort. Les yeux de ma victime était rouge et aucun bruit ne pouvais sortir de sa bouche.

"Si tu savais comme je suis désolée... Mais je n'y suis pour rien, je te le jure. Je ne me contrôlais pas. S'il-te-plaît, crois-moi."

Mais elle ne voulait rien entendre et bougeait dans tous les sens à s'en faire du mal. Elle avait vraiment peur. Je me sentais horriblement coupable et m'en voulais au plus haut point. Je sortis en traînant des pieds, poussée pas l'infirmière. C'était de ma faute si elle était dans cette état. Et j'ai l'impression que je vais devoir m'expliquer avec elle pour gagner à nouveau sa confiance. Ça ne faisait même pas 24h qu'elle était sur le A134 qu'elle se faisait déjà agresser par une fille qui lui cachait bien trop de secrets.

PDV Delphine:

Ça me faisait mal de voir Addison dans cet état. Mais les ordres étaient les ordres. Je devais les éloigner le plus possible. Julia était mal pour que la pauvre fille lui parle ou lui adresse un seul regard d'empathie. Tant mieux. Je n'ai jamais aimé cette insolente. De plus, elle allait entraîner la fille du Général dans son délire. Je savais pertinemment pourquoi Mark me demandait de faire une chose pareil: il voulait seulement protéger sa fille de cette tarée de lesbienne. Même si je lui avait fait subir beaucoup de test, ça ne l'empêchera pas à laisser ses vrais sentiments reprendre le dessus. Il fallait que je gagne la confiance d'Addison avant que Julia ne la reprenne. Sinon, je suis grillée...

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Salut tout le monde ! J'espère que vous allez bien. Avis ? Elle saoule Delphine, hein 😁 ? N'hésitez pas à laisser un commentaire et, si ça vous a plu, n'oubliez pas l'etoile 😉.
Gros bisous 💋 !

Désobéir Aux OrdresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant