Chapitre 1

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Aurélien et Guillaume menaient une existence tranquille dans la ville de Caen, profitant de chaque journée - surtout de chaque soirée - sans trop réfléchir à l'avenir.

Ils avaient évidement d'autres amis, mais entre eux, c'était plus fort.

Aurélien et Guillaume se complètent parfaitement. Le côté rêveur d'Orel est tempéré par Guillaume, qui a les pieds sur terre. Les deux amis passent leur temps à faire des blagues d'un humour parfois douteux, à discuter de tout et de rien, menant parfois des discussions profondes, et d'autres pas du tout.

Bref, leur quotidien n'est de loin pas parfait, mais il leur convient largement.

Seulement, il y a une ombre au tableau : l'alcool.

L'alcool n'est pas uniquement mauvais pour la santé. Il est mauvais pour les sentiments.

*

- Oooooorel ! hurla Gringe, au beau milieu de la boîte de nuit bondée de monde.

- Quoi ? lui répondit Aurélien, pas vraiment en meilleur état que son collègue.

- Tu sais quoi ? Je t'aime mon pote !

- Bah j'espère bien, ria Aurélien.

- Nan mais j't'aime vraiment ! Et on devrait se le dire plus souvent !

Gringe était décidement vraiment vraiment vraiment bourré.

- D'accord Gringe, si tu veux, se moqua gentiment Orel.

Il était tout de même moins allumé que son ami. Lui, au moins, il savait encore ce qu'il disait. Vu l'heure qu'il était, vallait mieux qu'il soit en train de décuver plutôt qu'il ne soit bourré seulement maintenant. Hein Gringe ? 5 heures c'est tard pour commencer à s'ambiancer.

- Mais chui sérieux, dit Gringe d'un ton triste. Je t'aime vraiment !

- Mais moi aussi Guillaume, on est meilleurs potes, forcément !

Gringe eut l'air surpris.

- Meilleurs potes ? C'est tout ? s'exclama-t-il.

- Gringe tu pars un peu trop loin, là.

- Tu rêves jamais que je te prend dans mes bras et tout ?

- Non, Gringe. Je ne rêve pas de tes câlins.

- Dommage.

Guillaume, plus grand que son ami, s'avança vers lui et enroula ses bras autour de son cou, plaquant la tête du cadet contre son torse.

- Mais Grinnnnge, se plaint Orel.

- T'aimes pas ? demanda-t-il, désespéré.

- Mais nan, c'est pas ça...

- On est seulement meilleurs amis alors j'peux pas te toucher ?

- En quelques sortes, marmonna Orel.

- Eh dans ce cas-là, on a qu'à être plus que ça.

Gringe glissa sa main dans la nuque d'Aurélien, et déposa un léger baiser dans le cou du plus petit, qui restait là, sans bouger.

On aurait pu croire qu'il était congelé.

Gringe tira alors Orel hors de la boîte de nuit, et s'éloigna un peu de celle-ci, avant d'embrasser à nouveau le cou d'Aurélien.

- Arrête, ordonna soudainement Orel.

- Quoi, me dit pas que c'est désagréable ?

Gringe brisa la distance séparant leurs visages, et posa ses lèvres contre celles d'Orel, l'espace d'une seconde, même pas.

Aurélien se recula brusquement, le rouge aux joues. Il avait affreusement chaud, mais allait retourner dans cette boîte, sans s'occuper de Guillaume.

*

Le soleil s'infiltrait dans la chambre à travers les volets mal fermés. Aurélien était réveillé depuis un moment déjà, mais n'avait aucune envie de croiser son colocataire, rapport à hier soir.

Cependant, l'appel du frigo le fit sortir de sa tanière.

Gringe était encore couché sur le canapé, mais visiblement éveillé, vu la télévision allumée et la tasse de chocolat fumante sur la table basse.

- Salut, osa Orel.

Gringe releva la tête.

- Salut mec.

Il était exactement comme d'habitude. Rien de différent des autres lendemains de soirée, et Aurélien ne pouvait se résigner à croire que Guillaume n'avait pas de souvenir de la veille.

Au lieu de se diriger à la cuisine, il prit son courage à deux mains et demanda à Gringe de lui faire une place sur le canapé. Ce dernier se redressa en position assise.

- C'était le bordel, hier soir, tenta Aurélien d'un ton innocent.

- De fou.

"C'est pas gagné", pensa Orel.

- T'étais chelou.

- J'ai fait quoi encore ? ria Guillaume.

Sérieusement ? Il ne se rappelait pas ? Ils s'étaient embrassés putain. Merde, il plaisante ou quoi ?

- Tu te rappelles pas ?

- Je me rappelle juste que pendant bien 1 heure j'ai cru que t'étais une meuf, pouffa Guillaume.

Ah, si, quand même.

- Bah putain, y a surtout 10 minutes où tu m'as pris pour ta copine ouais !

Guillaume manqua de s'étouffer avec son chocolat chaud. Bon merde, il s'en souvient ou il s'en souvient pas ? Il reposa doucement la tasse sur la table basse.

- Ça je m'en souviens pas. Raconte.

"Oh non, on a qu'à faire comme si je ne m'en souvenais pas non plus", pensa Orel.

- J'sais plus, menti légerement Aurélien, voulant dédramatiser la situation. T'as commencé à me gueuler que tu m'aimais, à me taper un câlin, et...

Comment pouvait-il lui raconter ça ?

- Accouche, s'impatienta Guillaume, qui trouvait l'histoire marrante.

- Tu m'as traîné dehors pour m'embrasser, lâcha Orel d'une traite.

- Arrêêêête, ria Gringe, moi je t'aurais roulé une pelle ?

- Non, pas une pelle, tu m'as juste euh.. J'sais pas, un "smack", j'en sais rien.

- Haha, j'étais vraiment déchiré de ouf. Me laisse pas me mettre dans des états pareil, conclua Gringe en tapant l'épaule d'Orel, tout en se levant.

Est-ce qu'il est vraiment en train de trouver ça marrant ? Parce que, j'sais pas pourquoi, moi nan. Guillaume avait déjà été bien plus bourré que ça sans vouloir embrasser personne, et encore moi m'embrasser moi. C'est pas vraiment drôle, en fait.

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