Chapitre III : Chambre obscure

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On me donna des somnifères en début de soirée. Le lendemain, l'infirmière et le médecin secondèrent ma remise sur pied. D'après eux, j'avais de la chance de tenir debout aussi vite, surtout après un Réveil aussi mouvementé. Il s'agissait d'un point positif : je récupérais vite.

On me fit faire des aller-et-retour dans la pièce pendant une bonne demie-heure. Je finis même par en avoir assez de pouvoir me resservir de mes jambes et conclus que leurs tests étaient beaucoup trop longs. On m'indiqua que tout était en règle sur le plan physique.

Dès le jour suivant, très probablement en fin d'après-midi, on me transféra dans la chambre normale qu'on m'avait promis, à un autre niveau de la Base. L'infirmière, qui s'était chargée de m'escorter avec empressement, me laissa seule un moment, le temps de me familiariser avec "mon nouvel environnement". Comme si j'avais besoin d'être maternée à ce point...

C'était une pièce plus spacieuse, dénuée de tout moniteur. Le lit était plus grand, le mobilier plus adapté. Les murs étaient peints dans une teinte entre le marron et le noir. Une porte en face du lit donnait sur une salle de douche. Il y avait même un bureau avec de quoi écrire. C'était bien plus que tout ce à quoi on m'avait habitué malgré moi.

En revanche, il n'y avait aucune fenêtre. D'ailleurs, je me rappelai que tous les couloirs que j'avais traversé en étaient dépourvus également. Sur les murs sombres de ma chambre, seuls des tableaux de paysages me tenaient lieu d'ouverture sur le monde extérieur.

Après avoir examiné le tas de papiers et le pot à crayons qui trônaient sur le bureau, je retournai près du lit. J'allai me jeter dessus quand je remarquai la pile de vêtement posée bien en évidence au bout du matelas.

Je lançai un coup d'œil aux habits que je portais depuis mon Réveil, mon pantalon en lin et mon t-shirt assez large pour que j'y rentre deux fois. La tenue de la pile se composait d'un jean, d'un t-shirt et d'une chemise. Il y avait également un bandeau de tissu orange. Je le dépliai et découvris le numéro "605" cousu dessus. C'était apparemment un brassard. Moche, et me réduisant à un nombre. Je l'abandonnais sur le lit et me rendis dans la salle de bain avec le reste des vêtements sous le bras.

Jugeant qu'une douche ne me ferait pas de mal, et que de toute façon, on m'avait probablement laissée seule exprès, je cherchai et trouvai sans peine une serviette et du savon.

J'allais enlever mont-shirt quand, levant la tête, je remarquai le voyant rouge d'une caméra allumée au dessus du lavabo. Je la fixai pendant de longues secondes, comme si elle allait détourner son objectif d'elle-même. Mais à ce jeu-là, elle était bien plus forte que moi, et elle vint à bout de ma patience.

Il était hors de question que je me déshabille sous l'œil d'une caméra. Je ressortis de la salle de bain et récupérai le tabouret à côté du bureau. J'en profitai pour remarquer une seconde caméra, braquée sur lit, placé dans un coin au dessus de la porte.

Je retournai dans la salle de bain, grimpai sur le tabouret et m'appliquai à pivoter l'appareil voyeur face au mur. Quand je jugeai le résultat satisfaisant, je débarrassai mon escabeau de fortune de la pièce, décidant de m'occuper de la deuxième caméra plus tard.

Je pus alors prendre une douche sereinement. Une fois propre et habillée, les cheveux encore humide, je sortis de la salle de bain et me chargeai de détourner l'objectif de la seconde caméra. Lorsque je me sentis moins épiée, j'allai replacer le tabouret.

Finalement satisfaite, je décidai de voir ce que l'extérieur de la chambre me réservait. J'avais passé suffisamment de temps enfermée, maintenant que j'étais propre et reposée, j'estimais avoir le droit à une petite balade.

NIHILIA - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant