Appel

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Mathieu fut d'abord agressé par le nombre important de notifications Facebook, Twitter et autres. Il posa son téléphone sur la table le temps qu'il finisse de vibrer, alla se chercher un plat tout prêt dans le réfrigérateur.

Une fois le téléphone en main, il sentit fourmiller une nouvelle hésitation au creux de son ventre. Non. Il avait pris une décision, plus question de reculer.

La première image le surprit par ce qu'elle sous entendait. Enfin, ce devait être une des conversations  où Antoine s'amuser à troller ses amis.
Mathieu se souvint de s'être pris au jeu plusieurs fois, mais il chassa aussitôt cette pensée. Antoine lui avait mentit, il ne méritait pas que l'on se souvienne de lui ainsi.

La seconde conversation était du même type et Mathieu commença à douter. Sérieusement.

À la troisième, il eut du mal à déglutir. Impossible. La seule explication que son cerveau parvenait à fournir était qu'il s'agissait d'une blague. Une mauvaise blague.

Lorsqu'il lut la quatrième capture d'écran, il n'y eut plus aucun espoir de confusion. Antoine disait clairement ne pas définir ses sentiments pour lui.

Bien.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!

Dans l'improbabilité de la situation, il ne s'était pas aperçu qu'il avait pensé à voix haute. Et même si cela avait été le cas, il s'en contre-ficherait.

Il ressentit tout de même un certain soulagement. Antoine ne l'avait pas trompé dans l'attachement qu'il lui portait, il avait simplement eu peur. Peur de sa réaction car... Antoine l'appréciait plus qu'un ami.

Le soulagement laissa place à un autre sentiment qu'il ne souhaita pas définir, trop occupé à composer le numéro d'une certaine personne.

Un fin sourire se dessina sur son visage pendant qu'il portait l'appareil à son oreille.

Décroche, imbécile.

***
Antoine n'avait pas eu de nouvelles depuis deux jours. À l'inverse de Mathieu, il avait passé ces deux dernières journées à sortir. Se changer les idées, s'empêcher de penser qu'il venait de perdre quelque chose de précieux et d'irrécupérable. Sortir sans ses amis bien entendu, ceux-ci remettraient sur la table à coup sur le sujet à éviter.

Mais malgré ses nombreuses sorties, un poids l'accompagnait sans cesse. Un fardeau, une plaie qui ne semblait pas cicatriser. Avec le temps, voulut-il se persuader, il y parviendrait sûrement.

Il arrivait au soir du second jour, seul dans un bar et à moitié saoul, il traînait sur son téléphone lisant des sites ennuyeux mais neutres. Des peoples et autres ragots sans intérêt aucun.

Une jeune fille posa soudainement son sac sur le comptoir devant lui.

- Vous êtes Antoine Daniel ? Je suis votre travail, et j'adore !

Sourire à l'appui. Antoine l'écoutait, s'essaya à esquisser un sourire.

- En fait j'ai une question c'est un peu gênant... Hum à propos de Mathieu...

Antoine ricana, il ne comptait plus le nombre de passants lui ayant posé la question.

Il avait passé son temps à nier l'affirmation. Mais, pris d'une impulsion soudaine, et aidé par l'alcool, il déclara abruptement :

- Oui, c'est vrai. J'espère que t'es pas homophobe.

Adeline, la fille qui lui avait posé la question remarqua alors l'état dans lequel il était. Les cernes creusés sous ses yeux fatigués en témoignaient.

Elle se remémora ses peines de cœur à elle, et ne put s'empêcher de se montrer bienveillante.

- Je ne vous oblige pas à en parler mais....

Elle apprit toute l'histoire dans l'heure.

- Antoine, Dit elle franchement, tu n'as aucune raison d'avoir peur. En cas de refus si Mathieu est aussi ouvert d'esprit que tu me le décris, vous vous éloignerez peut être un peu mais il restera ton pote. Il vaut mieux ça qu'il te déteste, non ?

Antoine approuva d'un hochement de tête. Cette fille ne semblait pas se rendre compte d'à quel point elle lui était d'une grande aide.

- Je te laisse, mes amis vont s'inquiéter.

Elle écrivit rapidement une suite de nombres sur une des serviettes qui traînaient.

- Mon numéro. Tu me raconteras.

Elle sourit et lui fit un signe de main en sortant de bâtiment.

Antoine souffla en repensant aux conseils qu'on venait de lui donner. Son téléphone vibra.

Appel entrant de Mathieu

Matoine-Mauvaise blagueHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin