1. La Fuite

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Cours, Cours, COURS!
Après mon sprint pitoyable, j'arrive enfin devant la porte principale du QG. Si j'arrive à sortir d'ici,..

...Je vais peut être mourir.

Je ne dois pas penser à ça, pas maintenant. Et de toute façon si je sors pas d'ici, je vais probablement mourir également, torturée puis tuée par un autre clan.
Courage Kele, discrétion, discrétion, discrétion...

Je respire un bon coup et ouvre brusquement la porte principale, en espérant avoir assommer les hommes de garde ce soir. Un vent glacial transportant des flocons me fouette le visage. Je sors en sprintant de nouveau. Cours, cours, plus vite! Je dois atteindre la clôture et l'enjamber pour me cacher dans la forêt. Là-bas, ils pourront difficilement me retrouver.
Mon clan non, mais des errants, des solitaires ou encore pire, des clans adverses, eux, oui.

Je déglutîs, en accélérant tant bien que mal, poussée par l'adrénaline.

"- Eeh! Toi là! Hurle un des trois hommes en me poursuivant."

Lorsque je jette un œil derrière moi, je remarque que les deux autres hommes chargés de la garde dorment profondément, adossés aux murs de pierres du QG.
J'ai toujours su que ces gardes de nuits étaient incompétent. Et encore plus ceux-ci, les plus petits et maigres hommes du clan.
La clôture n'est qu'à quelques mètres devant moi et le garde et à deux doigts de me rattraper. Avec l'élan de ma course, toujours avec cette dose importante d'adrénaline et beaucoup de volonté de fuire, je saute par-dessus la clôture qui m'arrivait habituellement un peu en dessous de ma hanche. J'atterris mal et sent ma cheville gauche se tordre.

"- Aaehg.. Râlé-je sans m'arrêter de courir et sentant une douleur insupportable"

C'est pas le moment de chialer, quand tu seras loin d'ici, Kele, tu pourras te plaindre, pour l'instant COURS!

Avançant difficilement mais sans pour autant ralentir ma cadence, je pénètre dans l'obscure et froide forêt qui m'a toujours effrayée.
Cette fois-ci, quand je me retourne, je vois, au loin, le garde adossé à la clôture, tenant son pied et se tordant de douleur.

Je commence à ricaner, puis me met à grimacer en me souvenant avoir subit le même sort.

Une fois m'être assuré d'être hors de porter de vue, je finis par m'arrêter et reprend mon souffle.
Décidément, je me suis surpassée! La course, l'endurance et tout ce genre de trucs, ça n'a jamais été ma tarte.
Jess m'aurait dit d'arrêter avec mes expressions de vieux si elle était là...
Je balaie du revers de la main mes souvenirs et me focalise sur l'endroit où je suis, faisant abstraction des horribles picotit sur ma cheville.
Tout est sombre. Silencieux. Effrayant. J'ai froid, peur, faim, mal.

Ressaisis-toi, Kele! Va chercher un coin couper du vent et à l'abri des regards, caches-toi et attend l'aube pour t'enfuir à nouveau, ou ils te retrouveront.

J'avance péniblement en boitant, m'enfonçant plus profondément dans cette forêt oppressante.

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D'après ma montre, 30 minutes sont passées depuis que j'ai fuis. Je marche toujours, grippant difficilement la pente forestière, craquant des branches mortes sur mon passage, mes pieds s'enfonçant dans la boue.
Je n'en peux plus. J'ai beaucoup trop mal pour continuer et le froid ne calme en rien cette douleur beaucoup trop importante et attroce. En levant ma tête, les branchages d'un des arbres semblent solide et assez basses pour que je puisse y monter. Je prend appui sur mon pied encore valide et lance le second sur un creux de l'écorce. J'attrape une des branches épaisse et arrive à me hisser dessus, au détriment de mon manteau, qui s'est troué au niveau de la manche de mon bras gauche. Je continue mon ascension sur les quatre branches, plus hautes les unes par rapport aux autres. Une fois avoir été à une hauteur convenable - assez haut pour qu'on ne me repère pas parmi ces branches dégarnis et assez bas pour pouvoir redescendre à l'aube - je me laisse aller contre le tronc.
Je somnole dans le froid, les jambes pendantes de part et d'autre de l'énorme branche, jusqu'à l'aube. La neige a cessé de tomber et a recouvert le sol d'un voile blanc et lisse. Je ne peux pas marcher dessus sans risquer de laisser des traces et me faire repérer...

Les SurvivantsWhere stories live. Discover now