Simplement Alice

Chapitre II

Alice est connue comme une femme proactive. Ce qu'elle dit, elle le fait. Elle ne passe pas par mille chemins pour transmettre à quelqu'un un message portant une vérité substantielle. Elle le dit franchement, mais toujours englobée d'une enveloppe d'amour.

C'est une jeune femme transparente, qui vit son célibat à fond et qui est fière de tout ce qu'elle a pu accomplir jusqu'à présent. La relation d'amitié qu'elle chérit avec diverses personnes lui tient grandement à cœur, et souvent elle se dit en elle-même « comme je n'ai pas encore de mari à m'occuper, j'ai des tas de gens près de moi qui ont simplement besoin de mon appui, de mon support, de ma joie de vivre ! ». Et c'est ainsi, qu'à chaque semaine, elle tente du meilleur du possible, de passer du temps de qualité avec les personnes qui l'entoure.

Sans hésiter, elle savait qu'elle devait prendre soin de son amie Lilande. Tout tombait à pic. Elle était présentement dans une clinique sur la Rive-Nord, pour un remplacement de maternité dont le contrat devait se terminer la semaine prochaine. Après un vague moment de réflexion, elle acheta son billet pour la Suisse, dont le départ était prévu pour dimanche prochain, soit le 15 mai. Elle avait hâte de pouvoir serrer son amie dans ses bras, de lui chuchoter des mots doux à l'oreille et de lui préparer son repas préféré. Et oui, Alice était une chef dans l'âme, et cela tout le monde le savait. Elle adorait cuisiner pour la famille, les amis. Ce n'était pas pour elle une tâche supplémentaire. Bien au contraire, c'était une passion qu'elle aimait partager avec son entourage. C'était une joie pour elle d'organiser une soirée autour d'un repas, qu'elle même avait passé des heures à préparer pour ces invités, qui étaient rarement surpris de la qualité incroyable des aliments qu'Alice choisissait avec tant d'amour et du goût somptueux de ces plats. Aucun de ces plats n'étaient des recettes trouvés dans le magazine de Trois fois par jour ou dans le magazine Les 100 recettes santé du chef Ricardo. Tous ces plats, c'est du plus profond de son cœur qu'elle les concoctait avec brio et vivacité. Ils n'étaient ni trop sucré ni trop salé. Ni trop sec ni trop pâteux. Ni trop dur ni trop mou. Ni trop épicé ni trop fade. Le mélange de saveurs était parfait et plus qu'appétissant pour les estomacs toujours affamés de ses invités.

Alice était une jeune femme du peuple. Elle respirait et inspirait la vie. Elle ne brillait pas pour ses propres intérêts, mais cherchait toujours à faire briller les intérêts des autres. À faire valoir leur plein potentiel, afin que tôt ou tard, le reconnaissant, ces personnes puissent eux-même exprimer le potentiel qui leur est propre. Elle veillait à ce que chaque personne puisse exprimer la vie, et puisse la vivre pleinement et librement.

Il était temps pour elle de partir à la rescousse d'une amie. De lui prêter main forte. Il n'y avait pas un moment dans sa journée où Lilande ne traversait pas ses pensées.

*        *        *

14h00. Dimanche

Elle sortit son téléphone cellulaire de sa poche de jeans, composa le numéro de Lilande et coinça le téléphone entre son oreille gauche et son épaule, légèrement surélevée. Elle était en attente d'une réponse de l'autre côté du combiné.

Dring, Dring, Dring

« ALICE ! s'écria Lilande d'un ton joyeux.

- LILANDE !

- Quelles sont les nouvelles dis-moi ?

- Je quitte le pays la semaine prochaine.

- Tu rigoles ou bien quoi ? Ton remplacement de maternité est terminé ?

- Oui. Mon contrat prend fin dans quelques jours. Et hop, dans l'avion.

- Tu t'en vas où cette fois-ci ? On dirait que l'air que tu respires retient un suspens. Ta voix n'est pas celle que je connais.

- L'excitation étouffe mes voies respiratoires ! Je pars pour la Suisse. Te rejoindre !

- QUOI ?! Mais...tu en es certaine ? C'est pas mal une décision sur un coup de tête ça, non ?

- À entendre ta réponse, j'ai comme l'impression que tu n'apprécies pas la surprise. Avec tout ce que tu viens de vivre, j'ai pensé qu'il serait bon de venir te rendre visite, de passer du temps avec toi, et de te changer les idées, tu vois...

- Arrive vite !! J'ai hâte de te voir. Désolée de ne pas être plus heureuse que cela. Mes émotions sont instables. Je suis joyeuse et quelques minutes plus tard, je boude dans mon coin, sans raison apparente. Mais tu sais que je t'aime. Que ta présence me fera du bien. Alors, je t'en prie, viens !

- Je t'aime aussi. Tu as eu des nouvelles d'Henry depuis..ou tu veux peut-être qu'on lui donne une autre identité ? Tiens, M. Grrr ?

- Non mais toi! Je ne me mettrais quand même pas à pleurer à toute les fois que j'entendrais le nom de Henry! Il a tenté de m'appeler hier soir, mais je n'ai pas répondu. Je n'en avais pas la force. Aucun mot ne sortait de ma bouche. J'étais comme figé comme un bloc de glace.

- Je peux comprendre. Ce n'est pas une situation facile. Écoutes, tu as besoin de repos. Je t'appelais rapido pour avoir de tes nouvelles. J'ai hâte de te voir. On s'écrit. Bisou ma chérie. Dors bien.

- C'est gentil de ta part. Bisou Alice. »

Alice raccrocha. Une grande paix l'envahit. Elle savait qu'elle avait pris la bonne décision. Même si quelque chose dans son cœur semblait lui dire que des surprises l'attendaient à son arrivée en Suisse. Que toute la vérité n'avait pas encore été révélée. Des morceaux de casse-tête étaient manquants. Et le voyage en Suisse lui permettrait peut-être de venir recoller les morceaux ou même de partir à la découverte de certains morceaux qui se seraient égarés en chemin.

Malgré tout, elle savait que son cœur ne lui mentait pas. Elle avait pris la bonne décision.