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-Patron ?

-Oui, quoi ?

-On a un petit soucis au bar et...

-Et depuis quand tu as besoin de moi pour gérer les bagarres de quelques petits morveux ?

-Ce n'est pas une bagarre, enfin si s'en est une mais ce n'est...

-Tais-toi Ernesto ! Tu me donnes mal au crâne ! Le coupé-je en mettant un doigt sur ma bouche pour lui signifier de la fermer.

-OK Patron...

Comme je ne bouge pas et que je continue de fumer mon cigare comme si de rien n'était, Ernesto fait une nouvelle tentative.

-Euh... je fais quoi alors avec la fille qui est en train de tout casser au bar ?

Je manque de m'étouffer avec la fumée de mon Vegas de Santiago.

-Une gamine est en train de tout casser dans mon bar ? Ai-je bien entendu ?

Bordel ! Faut que je vois ça !

-Oui Patron.

-J'arrive. Et arrête de m'appeler patron. Je t'ai déjà dit mille fois de m'appeler Alex !

-D'accord Monsieur Alex.

Je soupire. Ernesto est définitivement un cas désespéré.

Tout les samedis soirs c'est la même histoire. Après la compétitions de surf organisée à La Playa Hermosa qui est l'un des meilleurs spot de surf du pays, tout ces petits cons de surfeurs viennent se bourrer la gueule chez moi et finissent par se bastonner comme de la racaille. Pathétiques. D'habitude Ernesto les sort par la peau des fesses et les envoie cuver et fumer leurs pétards sur la plage .Tout le monde croit que c'est cool un surfeur. Erreur, grossière erreur. Après quelques verres de guaro pur un surfeur n'est plus qu'un tas de testostérone sur planche ! Par contre que ce soit une nénette qui foute le bordel, ça c'est une première !

Je sors de mon bureau talonné de prés par Ernesto mon homme à tout faire. Putain je déteste quand on me dérange pendant que je fume mon cigare !

Moi c'est Alex. Trente-trois ans au compteur dont huit déjà passés à l'ombre, j'ai été obligé de me mettre au vert quelques temps... Voilà maintenant deux ans que j'ai débarqué au Costa Rica et que je tiens le Backyard Bar à Puerto Vejo en attendant de pouvoir rentrer en France. Voilà deux ans que je me fais chier dans ce trou et que je fume des cigares pendant que les affaires continuent sans moi...

Quand j'entre dans la salle enfumée du bar, la musique couvre à peine les cris sauvages d'une blonde en micro short de jean et haut de maillot rose. Chevelure de sirène, peau dorée, corps de rêve et tatouage sur les côtes : pas de doute, il s'agit d'un magnifique spécimen de ce que j'appelle la Beach girl. En règle général la Beach girl est la petite-amie d'un surfeur et passe ses journée à parfaire son bronzage sur la plage en regardant son Apollon dompter les vagues.

-Vas te faire voir espèce de trou du cul ! T'avais qu'à la baiser sur le comptoir tant que t'y étais ! hurle-t-elle encore plus fort tout en balançant un verre à la gueule d'un bellâtre aux cheveux délavés par le soleil et le sel.

Un surfeur. Bingo !

Il esquive l'attaque hilare. Elle a raison c'est un trou du cul. Moi je ne m'attache pas, mais au moins je ne manque pas de respect.

-Charlie ! Arrête ! T'es complétement bourrée ! Et puis ça va, c'était qu'un baiser! rétorque d'une mauvaise foi évidente celui que je reconnais comme étant le gagnant de la compet' du jour.

-Qu'un baiser ? C'était qu'un baiser ?!!!! Tiens voilà ce que j'en fais de ton baiser ! hurle-t-elle de plus bel en attrapant un nouveau projectile.

Bon ça suffit. Leur cinéma a assez duré. Je saisie fermement le poignet de la blondinette.

-Ça suffit ma jolie !

Elle me fait violemment volteface et plante ses deux yeux bleu océan dans les miens. Pendant un quart de seconde elle me dévisage. Je tiens toujours son petit poignet. Si je le voulais je pourrais le lui briser. Il me suffirait juste de serrer un peu plus fort. Mais je ne le veux pas. Elle me sourit. Pourquoi elle me sourit ?

-Je ne suis pas ta jolie, fini-t-elle par me répondre d'une voix grave inattendue.

Grave, inattendue et sexy.

-Tu n'es peut-être pas ma jolie mais c'est mon bar que tu es en train de foutre en l'air alors je te demande une dernière fois d'arrêter ton cirque maintenant.

Ses deux yeux couleur océan sont toujours plantés dans les miens. Je n'ai pas l'habitude qu'on me regarde dans les yeux. Ni qu'on me sourit.

-Oh ! Désolée ! Je ne savais pas que c'était ton bar !

Elle se fout de ma gueule là ou quoi ?

-De toutes façons j'allais partir ! Merci de me rendre mon poignet, tu me fais mal.

Je lâche son poignet. Elle tourne les talons et sort du bar sans un mot de plus. Sans un regard de plus. Cette fille a quelque chose de différent. D'abord elle est beaucoup plus belle que la première Beach girl venue et puis je ne sais pas... Ce qui est sûr c'est que ce petit con ne la mérite pas.

-Hey toi !

Je braque mes yeux sur le champion de surf. Il ne rigole plus. Je jurerais presque qu'il est en train de faire pipi dans son slip.

-Euh... oui Monsieur !

-Que je ne te reprenne plus à foutre le bordel ici, c'est compris !

-Mais... mais c'est pas moi ! C'est elle qui...

-C'est ta copine, non ? Alors tu es responsable d'elle !

-Euh, oui d'accord...

Même pas fichu de me regarder dans les yeux. Pas comme elle.

Moi c'est Axel, mais pour ceux qui me connaissent c'est l'Animal. Et pour les femmes, c'est l'homme sans cœur. En somme, que des qualités dans mon milieu...

Je vais enfin pouvoir finir mon cigare. Après j'irais peut-être voir Maria. Non, tout compte fait je vais voir Maria maintenant. Tout à coup j'ai une suprême envie de baiser.

***

Little  Beach Girl // Black Ink ÉditionsWhere stories live. Discover now