Chapitre 1

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Chapitre 1

Je souris en jetant un œil au calendrier, où la date anniversaire de nos quatre ans de relation est entourée au crayon. Plus qu'une semaine. J'ai conscience que ce soit futile, et pourtant chaque jour consommé me rappelle un peu plus à quel point j'ai une chance inouïe. Paul est tout pour moi, mon réceptacle, mon confident, mon amant.

Un léger sourire aux lèvres, j'ouvre le frigo et en sors deux belles cuisses de poulet que je rôtirai à l'ail avec des pommes de terre et des haricots vert, comme tous les vendredis soirs. C'est l'un de ses plats préférés. J'aime ce rituel, j'aime lui faire plaisir.

Une fois mon plat enfourné, j'en profite pour détailler mes trouvailles sur mon blog culinaire et suggérer des recettes. En plus de me faire plaisir, j'ai conscience que pas mal de personnes suivent mes chroniques. C'est ma petite réussite. Surtout, c'est ce qui m'a valu une place de chroniqueuse dans un journal dédié aux femmes.

Une heure s'écoule avant que je ne perçoive le bruit de la porte s'ouvrir puis se refermer. Son verre de vin est déjà prêt, disposé sur le comptoir à côté du mien. J'entends ses semelles claquer sur le parquet en bois. Enfin, ses mains entourent ma taille et son menton se cale sur mon épaule gauche.

— Comment fais-tu pour lire dans mes pensées ? J'ai une faim de loup et c'est tout ce que j'espérais.

Je passe du sourire à l'émerveillement en me retournant face à lui. Sa bouche évolue dans le creux de mon cou à m'en faire frissonner d'envie, et il m'embrasse avec toute la délicatesse dont il sait faire preuve. Doucement son visage s'écarte, ses paumes sur mes joues, un vague sourire aux lèvres, il me fait reculer vers le comptoir, me vénère de baisers aériens le long de ma mâchoire. Son désir logé contre mon ventre, nos regards se croisent, communiquent, moi aussi j'ai hâte d'être à la fin du repas.

— Mon dieu, tu es tellement belle...

Il caresse avec fascination la pulpe de ma bouche, y plante subitement un dernier baiser ferme et urgent, puis se détourne, me laissant pantelante. J'ai envie de rire, Paul a toujours eu l'art et la manière de me maintenir sur le fil du rasoir, comme si je pouvais repousser ses avances !

Je me retourne face à mes fourneaux. D'instinct, je sais qu'il a déjà attrapé son verre pour aller se tenir devant la baie vitrée. Paul ne se lasse pas d'admirer la vue. Nous avons la chance de vivre dans un splendide appartement du 7e arrondissement. L'immeuble de type Haussmannien abrite une immense galerie en marbre. Et à chaque fois que je la franchis, je ressens toute la fierté que j'éprouve à l'endroit de mon futur mari. Paul est un éminent et jeune avocat. Il n'a bénéficié d'aucun avantage, ni passe-droit familial et ne doit sa réussite qu'à lui-même, à sa force de persuasion, son acharnement, et son esprit ambitieux. D'ici peu, il sera associé, et alors nous pourrons nous marier et avoir des enfants. C'est tout ce que je souhaite.

Je passe un coup d'éponge sur le plan de travail en bois clair de la cuisine équipée blanche, pendant que Paul dispose le plat sur la table. Je m'essuie rapidement les mains sur mon tablier puis le retire. Verre en main, je l'observe tendrement s'assoir face à moi et goûter la viande juteuse.

— Mon dieu, c'est fabuleux.

Encore un sourire ravi.

— Ta matinée s'est-elle bien passée ?

— Fastidieuse. Je n'avais qu'une hâte : rentrer à la maison, profiter de ma femme et de ses merveilleux petits plats. Et toi ?

Son regard bleu intense plonge au plus profond de moi.

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