Chapitre 15

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Chapitre 15

Sébastian, observait Lord Anthony Whitmore, qui venait de forcer l'entrée de sa résidence londonienne. Il était content que son fils soit déjà couché et que les domestiques soient dans leurs quartiers. Et il lui vint à l'esprit que, sous ses dehors flegmatiques et bon enfant, où il excellait pour tromper son monde, Anthony avait comme deuxième prénom acharnement.

La bibliothèque était plongée dans la pénombre, à l'exception du feu de cheminée qui brûlait et qui éclairait d'une lueur douce le visage et les cheveux blonds de son visiteur du soir. En tant qu'ami de longue date, il aurait dû se lever de son fauteuil et lui faire les faveurs de son hospitalité, mais il jugea inutile de se montrer poli dans ces circonstances, et savait que son ami ne lui en tiendrait guère rigueur. Il s'était contenté donc de lui désigner l'autre fauteuil d'un geste ironique de la main. Sachant pertinemment qu'Anthony n'était pas venu pour lui présenter ses hommages.

Ce dernier avait tenté à plusieurs reprises de visiter son ami, depuis cette funeste nuit et durant toute la semaine, depuis qu'il avait donné à De Fiennes une fin de non-recevoir. Mais Sébastian ne voulait pas raconter à Anthony ce qui s'était réellement passé ce soir-là. Il devait se forcer à combattre ses envies et ses démons intérieurs et était littéralement épuisé, depuis une semaine.

Ces sentiments ambivalents qui lui martyrisaient le cerveau, lui suffisaient amplement. Et expliquer à son meilleur ami qu'il n'arrivait pas à se défaire de ces émotions qui le tenaillaient au simple énoncé du nom du Duc, l'embarrassait trop fortement, pour qu'il donne le change auprès de lui.

Cependant, il était aussi réaliste. Anthony, sous sa fausse désinvolture, ne s'en laissera pas compter avec une balbutiante explication.

Alors, s'adossant à son fauteuil, il étudia avec un détachement feint, Anthony Whitmore qui se servait un verre de son excellent whisky, attendant la première salve de remarques assassines. Il n'eut pas à attendre longtemps.

Antony goutta le breuvage, appréciant la brulure, puis s'installa confortablement dans le fauteuil que son ami lui avait si obligeamment présenté.

- Qu'est ce qui se passe avec le Duc ? Demanda-t-il, ne s'embarrassant d'aucune politesse.

- Comme je te l'ai déjà dit. Rien.

Anthony se releva légèrement et planta son regard, dans celui de son ami.

- Ais je l'air stupide, Séb ?

- Je n'oserais émettre une telle opinion te concernant Tony.

- Arrête de noyer le poisson et répond à ma question.

- Je t'ai déjà répondu. Il ne se passe rien entre De Fiennes et moi.

Anthony soupira, exaspéré. Il décida d'attaquer par un autre biais.

- Il y a des rumeurs qui courent sur ton Duc, annonça-t-il.

- Ce n'est pas mon duc ! Feula Sébastian.

Anthony balaya d'un geste cette remarque.

- Il semblerait que le désintérêt flagrant du Duc pour les débutantes, et autres chair fraiches à consommer, ne serait pas uniquement dû à la frivolité et superficialité de ces dernières.

Sébastian se figea. Mais, imperturbable, Anthony continua.

- Il semblerait que ce cher pair du royaume n'apprécie pas forcement la douceur féminine. Il préfère à priori, les empoignades musclées.

ECHEC ET MATWhere stories live. Discover now