chapitre 3 | désespéré

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❝ et si nous nous disions juste un moment que nous étions tous fous, cela résoudrait bien des énigmes, cela expliquerait de nombreux mystères humains

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et si nous nous disions juste un moment que nous étions tous fous, cela résoudrait bien des énigmes, cela expliquerait de nombreux mystères humains.

Trois mots : obligations, privations et solitude.

Ce sont ces trois mots que j'aurais utilisé à cette époque là. Le décès soudain de ma sœur, grand déclenchement pour mes parents : « notre très chère fille parfaite est partie, ne nous reste plus qu'un fils malade ! ». J'étais délaissé, encore plus qu'avant, que faire d'une personne comme moi ? Auraient-ils pu reconnaître mon talent ? Sans doute, mais ça ne leur ai jamais passé par la tête. M'acceptez ? Jamais ils n'ont réussi. Je passais mes journées, mes soirées et ma vie, seul. Pas de vie sociale, j'avais été désinscris de mon collège pour le restant de mes jours, pas de bande de copains ou de possible petite amie, ils oubliaient même mon anniversaire ou de m'acheter un petit truc pour Noël. Ils ne fixaient que le point face à eux, un espace vide et sans intérêt, routine habituelle ennuyante, dialogues muets, répéter les mêmes choses comme un vinyle défaillant, un ennui dont la vie se nourrissait. La vie de mes parents était devenue une longue et terrible agonie.

Ah si, ils venaient chaque soir me voir pour que je prenne mes médicaments. J'appelais ça « les shooters », car ça me faisait plus dormir qu'autre chose, quand je les prenais, j'étais fatigué, avais moins de réflex et avais l'impression d'avoir deux cent kilos sur chaque épaule : j'étais shooté.
Ces petits palais blancs me dérangeaient affreusement, je m'étais forcé à les prendre un moment pour faire plaisir à mes parents, mais ça m'a vite exaspéré. J'ai décidé de faire comme si et de cacher chaque jour le cachet entre le côté de ma gencive inférieure et ma joue : ils n'y ont vu que du feu.

Quant à ma sœur, jamais une fois je n'ai eu de regrets. J'aurais pu penser que tout était de ma faute, que j'aurais du mourir à sa place ! Mais je n'étais pas du même genre que les acteurs dans les films américains, les regrets et les remords, c'étaient pour les faibles. Et, était-ce de ma faute ? Je ne l'avais pas obligé à boire et à prendre la voiture avec ses amis aussi défoncés qu'elle. Il aurait fallut s'y attendre.

Je ne prenais plus mes médicaments, je n'avais pas de regrets et vivaient dans une solitude extrême. Je voulais me tourner à nouveau vers l'art ! Mais sans modèle procurable, je n'y arrivais pas, rien ne me plaisait, la dépression s'approchait de moi et me soufflait de vilaines choses à l'oreille, je voulais dessiner, vraiment, je souhaitais ça plus que tout au monde ! Tellement que parfois j'en rêvais. Seulement, je ne travaillais plus sur des animaux, putain, j'ai toujours trouvé que ma mère avait un beau visage.

Je la tuais, dans mes rêves, ou cauchemars. Je lui enfonçais ce couteau de boucher dans son ventre, à plusieurs reprises, et je me noyais dans son sang, ses larmes et ses cris, j'étais remplis d'adrénaline, j'adorais.
Puis je la dessinais et c'était plus que jouissif, j'arrivais à mes fins.
Alors le matin, alors que je rêvais de ça et que premièrement, je savais qu'il était mal de tuer sa génitrice et que deuxièmement, j'étais déjà perché, mademoiselle dépression revenait et je me faisais du mal. Oui, du mal à moi-même.

◜ je suis un artiste ◞ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant