XXXV - « Tu viens de m'appeler comment là ? »

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« Pourquoi t'as fait ça ? »

Ce sont les mots qui viennent briser le silence qui régnait en maître jusqu'à présent.

« De quoi tu parles ? »

Je presse mes lèvres en une ligne droite avant de répéter.

« Pourquoi tu as fait ça ? Tu sais très bien de quoi je parle, la raison pour laquelle on s'est plus parlé. »

J'attends la réponse, et en même temps j'en ai peur. Mais pourtant j'ai l'impression que quoi qu'il dise, je vais lui pardonner. Est-ce que c'est normal ? Est-ce que c'est juste parce qu'au fond je suis toujours la gosse naïve et stupide que j'ai été pendant la quasi-totalité de mon enfance, quand je croyais encore que la paix et la gentillesse avaient leur place partout sur terre, et que si certains vivaient dans la misère, c'est parce qu'ils l'avaient mérité ?

Est-ce que c'est parce que, avec l'habitude d'être abusée, le pardon vient trop facilement chez moi ?

Ou est-ce que c'est juste mon profond sentiment de solitude qui pense à ma place ? Même si j'ai l'intime conviction que je n'ai pas le droit de me sentir seule, notamment grâce à des gens comme Britt qui font en sorte d'être là pour moi.

C'est dingue, même le simple fait de me sentir seule amène la culpabilité en moi.

Si ce n'est pas la preuve que mon esprit est salement endommagé, je ne sais pas ce que c'est.

Enfin, la lente agonie provoquée par le silence extrême est coupée par sa réponse.

« Parce que j'étais con. Je le suis certainement toujours d'ailleurs. »

Je ris silencieusement.

« C'est pas totalement faux. Mais ça ne répond pas totalement à ma question non plus. S'il te plaît ? »

Et là, il met beaucoup moins de temps pour répondre.

« J'étais un gamin. Les gangs, la drogue, mon frère et ses potes, tout ça rassemblé ? Ça me terrifiait, Beebo. »

La réponse me plaisait, jusqu'à la fin qui me fait presque m'arrêter de respirer.

« Tu viens de m'appeler comment là ? »

« Beebo ? »

Deux syllabes et je fonds en larmes. La planète entière envie ma capacité à pleurer pour tout et n'importe quoi, j'en ai l'intime conviction.

« Excuse-moi, j'aurais pas dû. C'était con, encore une fois. »

Je me mets à pleurer encore plus. Pas deux-trois larmes qui font légèrement briller les joues comme dans les films, non, les pleurs super moches, avec les hoquets, les reniflements, et le maquillage qui dégouline et procède à me transformer en un panda hybride.

C'est là que je l'entends se lever et que je réagis.

« Si tu t'avises de penser ne serait-ce qu'une seule seconde à partir d'ici, je te castre. »

Puis j'essuie mes yeux, en mettant encore plus partout sur ma sale tête, avant de galérer pendant quelques instants à ouvrir la porte, les mains tremblantes, pour finalement laisser la lumière entrer, et me retrouver face à face avec l'une des personnes qui m'est la plus chère au monde.

ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant